Reportage Afrique

Kenya: les Buruklyn Boyz, le groupe qui enflamme la scène musicale drill et séduit la jeunesse

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Les Buruklyn Boyz rassemblent une dizaine de très jeunes rappeurs sous la houlette de Ajay et Mr Right, les deux leaders du groupe. Avec une vingtaine de titres à leur actif, ce sont les nouveaux visages de la musique drill au Kenya, un sous-genre du hip-hop né il y a une dizaine d’années à Chicago. Avec leurs phrases punchy, ils tentent de représenter leur quartier de l’est de la capitale et connaissent un succès fulgurant chez les jeunes de Nairobi. 

Image tirée du clip «Nairobi» des Buruklyn Boyz. La vidéo cumule plus de 2,6 millions de vue sur YouTube.
Image tirée du clip «Nairobi» des Buruklyn Boyz. La vidéo cumule plus de 2,6 millions de vue sur YouTube. © YouTube / Buruklyn Boyz (capture d'écran)
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De notre correspondante à Nairobi,

Quand Ajay et Mr Right se mettent à rapper, les mots coulent à flot. Agés de 21 et 23 ans, ce sont les deux chanteurs principaux des Buruklyn Boyz. Une dizaine au total, tous les membres du groupe sont amis d’enfance, voisins même.

Dans leurs chansons, deux chiffres reviennent en boucle, « Cinq, huit ». C’est le numéro de bus qui relie le centre de Nairobi à Buruburu, ce quartier résidentiel de l’est de la capitale dont ils ont tiré leur nom, les Buruklyn Boyz. « On est tous de Buruburu, on voulait un nom simple, mais qui représente notre bande et notre quartier », explique Ajay, un des cofondateurs. 

Le groupe rappe en sheng, mélange de kiswahili et d’anglais, l’argot des jeunes de Nairobi. Car c’est justement à leurs contemporains que les Buruklyn Boyz veulent faire passer un message. « On essaie d’inspirer et de motiver d’autres jeunes, comme nous, à continuer à faire ce qu’ils font, pour sortir de la rue ou du style de vie criminel », souligne Ajay. « Même nous, on n’a pas toujours été là, on a commencé de quelque part aussi. Donc, on veut dire aux gens : continuez à faire ce que vous faites et vous allez atteindre vos objectifs », insiste-t-il.  

Les fans au rendez-vous

Ces jeunes, justement, les suivent avec assiduité, connaissent par cœur chaque couplet et ne se privent pas de le montrer. Les fans se sont déplacés à l'occasion du festival Koroga le 25 juin dans la ville de Naivasha, à une centaine de kilomètres de Nairobi. À l’entrée, Imani, 25 ans, sweat à capuche blanc sur le dos, ne cache pas son excitation.  

« J’adore les Buruklyn Boyz, pour moi ce sont des maîtres du drill à l’échelle internationale », dit Imani. « En fait, je suis même venue aujourd’hui de Nairobi exprès pour les voir monter sur scène. Je ne vais pas mentir, je suis une grande fan. J’adore leur groove, j’adore leurs clips, j’adore l’assurance qu’ils ont… En fait, tout ce qu’ils ont fait jusqu’à présent, j’adore. »

Les Buruklyn Boyz font leur entrée sur scène, tous vêtus du même survêtement bleu électrique, leur logo sur la poitrine gauche. Cagoule sur la tête pour certains, dents en argents ou bijoux en faux diamants pour les autres, le look est soigné. Le show électrique. Les jeunes drillers rappent et sautent en même temps. Pour le plus grand bonheur des fans, comme Samuel. « Leur performance est très bonne, ils savent faire bouger les foules, ce sont de vrais artistes », assure-t-il. 

Samuel est, lui aussi, originaire de Buruburu. Il suit les Buruklyn Boyz depuis leurs débuts. « Ils ont un bon flow et surtout, ils représentent le quartier, la vie que l’on vit au quotidien, notre style, la façon dont on parle sheng… Ça me fait plaisir de voir que notre façon de parler est diffusée non pas seulement dans notre quartier de l’est de Nairobi, mais à travers le monde. Et je comprends bien ce dont ils parlent : la vie difficile dans le quartier, la criminalité, les drogues... Ils sont comme mes frères », ajoute-t-il.

Reconnaissance au-delà du Kenya

Récemment, leur musique a dépassé les frontières du quartier. Les Buruklyn Boyz ont été listés dans la playlist « Radar Africa » de Spotify. Un gros coup de pub pour le groupe qui se voit déjà aller loin. Au point d’appeler leur dernier album East Mpaka London.

« De l’Est jusqu’à Londres. L’Est, comme notre quartier Buruburu, à l’est de Nairobi. Et jusqu’à Londres, car notre plus grande inspiration vient du Royaume-Uni. La scène drill est énorme là-bas », explique Mr Right. « À travers notre propre musique, notre but, c'est de recréer cette scène britannique très importante, mais au Kenya. » Son comparse Ajay abonde : « On a toujours eu envie d’aller à Londres et de faire des collaborations avec d’autres artistes là-bas, et ailleurs en Europe, comme la France ou l’Italie. L’objectif, c'est de devenir les meilleurs drillers d’Afrique. » 

À la fin de leur concert, une promesse : les fans peuvent espérer plus de chansons d’ici peu. Rien ne semble pouvoir freiner les jeunes Kényans dans leur ascension. Le groupe rêve même d’ouvrir son propre label de musique et d’y produire des Buruklyn Girls. 

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