Reportage Afrique

Kenya: face à la sécheresse, la vie pastorale en danger [2/2]

Publié le :

Le Kenya fait face à une importante sécheresse. Conséquence, au nord du pays, la malnutrition y est en hausse, car les communautés sur place sont très majoritairement pastorales. Elles dépendent de leur bétail pour survivre. Mais les sécheresses répétées menacent ce mode de vie. 

Des éleveurs tentent de nourrir leur bétail, affaibli par la sécheresse et la dénutrition, le 21 octobre 2022 au Kenya.
Des éleveurs tentent de nourrir leur bétail, affaibli par la sécheresse et la dénutrition, le 21 octobre 2022 au Kenya. © AFP/Simon Maina
Publicité

De notre envoyée spéciale de retour de Samburu,

Dans le sous-comté de Samburu-Est, la sécheresse est bien visible. Les arbres ont perdu leur verdure. Les ruisseaux sont asséchés. Le bétail émacié. À l’ombre d’un arbre, dans son village de Sirata, Lminyalo Lekalantula, âgé de 60 ans, s’en désespère.

« Quand j’étais jeune, nous n’avions pas tous ces problèmes. Les pluies étaient au rendez-vous », se souvient Lminyalo Lekalantula.

Il y avait de l’herbe pour les animaux. Les vaches étaient en bonne santé, elles produisaient du lait, les chèvres et les chameaux aussi, ce qui est important, car nous en dépendons pour notre alimentation. Mais maintenant le bétail ne peut qu’être vendu pour avoir un peu d’argent pour les enfants. Si de l’aide n’arrive pas rapidement, j’ai bien peur que nous allons en mourir

► À lire aussi : Kenya: la sécheresse à Samburu entraîne l'insécurité alimentaire

Le Kenya en est à sa troisième sécheresse en l’espace de dix ans. Alois Lekamapa en ressent les conséquences. « Notre source d’eau est asséchée, les femmes sont obligées de marcher dix kilomètres pour aller en chercher. Il n’y a pas de nourriture, les enfants se couchent la plupart du temps le ventre vide. Puis, ils vont à l’école sans avoir mangé et certains s’évanouissent sur le chemin du retour », raconte Alois Lekamapa.

« Le pastoralisme n'est plus viable »

Alois dit avoir perdu vingt vaches. Le reste, il l’a vendu pour envoyer l'aînée de ses douze enfants à l’université, car le berger ne croit plus en l’avenir du mode de vie pastoral. « Même quand il pleut, il ne se passe rien, les pluies ne sont pas suffisantes pour permettre au pâturage de se régénérer, et encore moins pour faire pousser suffisamment d’herbe pour les vaches. Nous ne pouvons pas non plus nous rabattre sur l’agriculture puisqu’il n’y a pas de pluies », dit-il, résigné.

Les prédictions pour la prochaine saison des pluies d’octobre à décembre sont mauvaises. Une détérioration de la situation inquiète les humanitaires. Jillo Elema est le coordinateur de la région pour l’ONG ACTED, qui y distribue de l’eau et de la nourriture pour le bétail.

Avec le dérèglement climatique, le pastoralisme n’est plus viable. Ce qui est tragique c’est que plus de 99% de la population des régions arides et semi-arides en dépendent pour vivre. Le bétail permet d’envoyer les enfants à l’école, de nourrir le foyer, c’est une source de liquidité en cas d’urgence. Or un certain nombre de familles ont déjà perdu ce moyen de subsistance.

D’après l'humanitaire, cette précarisation du mode de vie pastoral a aussi entraîné une hausse du banditisme dans la région… notamment des vols de bétail et des cambriolages.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes