Reportage Afrique

Côte d'Ivoire: la communauté Atchan prépare le retour du tambour Djidji Ayokwe

Publié le :

En Côte d’Ivoire, les communautés de villages Atchan se préparent en vue du retour du tambour Djidji Ayokwe. C’est une pièce imposante, en bois, qui mesure 3,31 mètres de long et pèse 430 kilos : le tambour Djidji Ayokwe fut confisqué en 1916 par l’administration coloniale française et est actuellement conservé au Musée du Quai-Branly. Cette pièce devrait prochainement être restituée par la France aux communautés Bidjan. Un retour qui se fait en plusieurs étapes.

Les responsables de de la communauté Bidjan d'Adjamé, avant la libation.
Les responsables de de la communauté Bidjan d'Adjamé, avant la libation. © Bineta Diagne / RFI
Publicité

De notre correspondante à Abidjan,

Le tambour Djidji Ayokwé est le bois sacré des Bidjan. Pour préparer son retour, les communautés Atchan procèdent à une libation. Un moyen d’apaiser toutes les tensions. « C’est un bois sacré, mystique », assure Jacques Inkoumou, conseiller du chef de village d’Abidjan-Adjamé. « Djidji Ayokwé possède toute la puissance de la panthère que les gens ont mise à l’intérieur. Si vous n’êtes pas initié et que vous allez contre ce bois mystique là, vous êtes tout de suite foudroyés par la puissance même de ce bois », affirme-t-il.

À l’origine, ce tambour servait de moyen de communication au peuple Atchan. Le son de ce tambour pouvait portant sur un rayon de 20 km, comme le souligne Beugré Mambé, le gouverneur du district d’Abidjan. 

« Quand vous entendez le son, cela conduit à faire vibrer l’environnement et pour ceux qui sont en harmonie avec cette vibration, ils savent ce que cela veut dire. Djidji Ayokwé envoie des messages, envoie des vibrations, envoie des sons et c’est une façon de parler au peuple Atchan. »

Se réapproprier un pan de la culture ivoirienne

Plus qu’un instrument, le tambour Djidji Ayokwe était un objet important pour les peuples Atchan, explique Silvie Mémel-Kassi, ex-directrice de la Culture. « En 1916, il y a eu un affrontement à la suite du refus des autochtones de faire les travaux qui étaient imposés dans le traçage de la voie reliant Abidjan à Abobo Té. En termes de représailles, on a donc arraché ce tambour qui était aussi celui qui donnait le signalement du colon. »

Le départ du tambour a eu des conséquences sur la cohésion sociale de ces communautés. « C’était le tambour qui leur permettait de se retourner pour prendre les grandes décisions qui impactaient le cours de l’histoire de la communauté », rappelle Silvie Mémel-Kassi. « Dès l’instant où cet objet leur a été enlevé, chaque village s’est retrouvé isolé, il n’y a plus eu de concertation commune, il n’y a plus eu de retrouvailles. Aujourd’hui, quand vous allez au niveau du peuple tchaman, il n’y a pas de pouvoir central. »

À travers le retour de ce tambour, ces communautés espèrent pouvoir se réapproprier un pan de la culture ivoirienne.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes