Reportage Afrique

Au Sénégal, l'utilisation du gaz est débattue dans les organisations de la société civile

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Le Sénégal s’apprête à produire du pétrole – et surtout du gaz – à partir de fin 2023. Il avait été décidé, lors de la dernière COP d’arrêter de financer les énergies fossiles à l’étranger. Pour plusieurs organisations de la société civile, il faudrait plutôt accompagner le Sénégal dans sa transition énergétique.

Le feu de bois est souvent utilisé pour la cuisson. (Image d'illustration)
Le feu de bois est souvent utilisé pour la cuisson. (Image d'illustration) © EndaEnergie.org
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Le constat est là : l’urgence climatique est une menace mondiale. Mais le Sénégal devrait-il renoncer à ses ressources pétrolières et gazières, au nom de la lutte contre le réchauffement ? « Il faut avant tout prendre en compte le contexte », estime Abdou Ndour, de l’ONG Enda Énergie. « Aujourd’hui, au Sénégal, la consommation est dominée à plus de 80% par l’utilisation de la biomasse. Les Sénégalais ont besoin de changer de modèle de trajectoire énergétique. Laisser les énergies traditionnelles telles que le bois et le charbon de bois et utiliser le gaz pour la cuisson par exemple. »

Le gaz naturel peut-il être considéré comme une énergie « de transition » ? Cela fait débat parmi les défenseurs de l’environnement. Pour Abdou Ndour en tout cas, son utilisation au Sénégal serait un choix cohérent : « La production d’électricité au Sénégal est dominée par l’utilisation du fuel, donc du pétrole ou des produits pétroliers. Il se trouve que le gaz est plus propre que le pétrole. Si le Sénégal change aujourd’hui son système de production électrique, le pays modernise son "process" et réduit davantage ses émissions de CO2. »

S'orienter vers un mix énergétique

Pour l’ONG 350.org notamment, il faudrait purement et simplement arrêter les énergies fossiles, et se tourner à 100% vers le renouvelable. Mais pour Mame Bousso Faye, membre active de l’association Climate Chance, les deux sont conciliables : « Quelle que soit la quantité de pétrole ou de gaz découverte, cela devrait permettre d’accélérer la transition énergétique au Sénégal, mais aussi de financer le développement des énergies renouvelables. »

Et en matière d’énergies renouvelables, le potentiel est énorme, souligne Massamba Gaye, ingénieur en développement local, et chef de projet « Énergies » de l’ONG Gret Sénégal : « Tout est question de méthodes et de démarches. On peut s’orienter vers un mix énergétique. Car ce qui nous intéresse, c'est de donner de l’électricité à tous les Sénégalais, mais aussi de l’énergie de cuisson, tout en développant les énergies renouvelables, vu notre potentiel en solaire et en éolienne et combler le reste en énergie fossile. »

Dans un contexte de crise énergétique mondiale, le gaz sénégalais est déjà très convoité. Dans un premier temps, la production sera essentiellement destinée à l’exportation.

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