En Afrique du Sud, un sanctuaire pour enrayer la disparition des vautours
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Les vautours, à l’image des charognards en général, sont des espèces mal-aimées, et n’attirent pas particulièrement la sympathie du grand public. Et pourtant, ils jouent un rôle écologique crucial, en nettoyant les cadavres d’animaux. Leur population décline désormais de façon drastique en Afrique, à cause de l’action humaine ; une dynamique qui suit la même trajectoire que l'Asie où les vautours ont quasiment disparu depuis les années 1990. Et l’Afrique du Sud n’est pas épargnée, alors que des cas d’empoisonnement de vautours sont régulièrement recensés.

De notre correspondante à Johannesburg,
À une heure de route au nord de Johannesburg, non loin du barrage d’Hartbeespoort, un petit bout de terre fait office de sanctuaire pour les vautours du pays blessés et mutilés. Ils sont près de 300 à recevoir les soins et l’attention d’Obert Gayesi Phiri. « Dans cet enclos, ce sont des vautours à dos blanc, explique ce dernier. Lorsqu’ils déploient leurs ailes, vous pouvez voir la partie blanche. Ils sont en danger critique d’extinction, et l’année dernière, nous avons pu relâcher deux oisillons... Ici, c’est le plus gros vautour d’Afrique Australe : le vautour oricou. On peut voir qu’il a un bec très puissant, il pourrait facilement couper un doigt. »
Plus loin, derrière les enclos, des carcasses de porcs sont laissées au sol, pour nourrir les vautours qui peuvent encore voler. Kerri Wolter les contemple longuement. C’est elle qui a fondé ce centre de sauvegarde Vulpro, en 2007, comprenant l’importance de ces rapaces au sein de l’écosystème : « Ils aident à garder l’environnement propre, grâce à leur capacité à se nourrir de cadavres d’animaux. Ils empêchent ainsi la propagation de maladies qui pourraient nous toucher, nous, ou bien la faune domestique et sauvage », explique Kerri Wolter.
Des vautours empoisonnés
Le centre a déjà sauvé près de 1 500 oiseaux depuis sa création, et se concentre aussi sur des projets d’éducation et de recherche. Car outre la destruction de leur habitat naturel, les vautours font désormais face à de nombreux dangers en Afrique du Sud.
Ils peuvent être blessés après une collision avec des lignes électriques. D’autres arrivent ici après un empoisonnement. Ils ont parfois mangé une carcasse où se trouvaient des médicaments à usage vétérinaire, ce qui peut leur être toxique ou bien des braconniers les ont pris pour cible, car ils sont un signal d’alerte pour indiquer qu’un animal a été tué. Enfin, il y a aussi un intérêt économique dans le cadre de la sorcellerie, avec la croyance qu’ils pourraient voir l’avenir et ils sont donc convoités pour des parties de leur corps.
Le mois dernier encore, une cinquantaine de vautours à dos blanc ont été retrouvés empoisonnés dans la région du KwaZulu-Natal. De nombreuses espèces sont désormais à risque, selon Caroline Hannweg, spécialisée dans leur sauvegarde : « Sur les neuf espèces de vautours en Afrique australe, une seule n’est pas considérée comme étant vulnérable ou en danger. Pour certaines espèces, environ 90% de leur population a disparu, et c’est pour cela que ces oiseaux sont en danger critique d’extinction. »
Le gouvernement sud-africain a récemment annoncé la mise en place d’un plan national, pour coordonner leur sauvegarde.
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