En Tunisie, les femmes apportent un nouveau souffle au secteur de l'olive
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En Tunisie, l’huile représente 50% du volume des exportations. Comme dans d’autres secteurs agricoles, les femmes représentent près de 80% de la main d’œuvre. Ces dernières années, le secteur se féminise avec la présence croissante de femmes exploitantes de domaines, des ingénieures en charge de la qualité dans les huileries et aussi des productrices de labels d’huile d’olive 100% tunisien et bio.

De notre envoyée spéciale à Sousse,
Au domaine Ritsou, dans les collines vallonnées de la région de Bou Argoub, dans le Cap Bon, Asma Aouinti achève les dernières cueillettes d’olives de la saison sous les oliviers. Deux femmes travaillent avec elle. « Elles ont en général plus de 50 ans. Les jeunes femmes ne veulent pas travailler dans l’agriculture, c’est pénible… Si tu leur proposes de travailler l’olivier ou les cultures maraîchères, la femme de 25-30 ans te dit non », commente-t-elle.
La main-d’œuvre féminine se renouvelle peu à cause des conditions de travail difficiles : manque de couverture sociale, risques d’accident de la route avec le transport collectif... Des problèmes qu’Asma essaye de changer, notamment en imposant l’égalité salariale avec les hommes.
« Je pense que le fait d’être une femme crée un lien plus fort avec les ouvrières avec qui je travaille, avance Sarah Ben Romdhane. À 29 ans, cette entrepreneuse produit Kaïa, une huile d’olive pressée à froid et bio. Parce qu’en général, les hommes travaillent dans le système du vrac et ils ne cherchent pas à construire un lien affectif avec ces femmes-là. On est plutôt dans un rapport de force pas très juste. »
Féminiser la filière
Sarah Ben Romdhane essaye de fidéliser ses ouvrières et les paye à la journée et non à la quantité, pour valoriser la qualité. L’idée est aussi de féminiser davantage toute la filière, selon Soraya Hosni, créatrice de la startup Clever Harvest centrée sur le développement des métiers et du digital autour de l’huile d’olive. « On a aussi féminisé le travail à l’huilerie qui est historiquement un travail masculin, mais comme le métier d’ingénieur se féminise dans le pays, on a introduit de nouveaux métiers dans les huileries, affirme-t-elle. Le contrôle qualité et l’hygiène, ce sont souvent les femmes qui en ont la charge. »
Soraya Hosni forme aussi des jeunes à la dégustation et l’analyse sensorielle des huiles, un moyen de lutter contre le chômage. En Tunisie, le taux de chômage est de 24% pour les femmes contre 15% pour les hommes.
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