Madagascar: la lèpre, sensibiliser plus pour mieux dépister à temps [2/3]
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À Madagascar, la Fondation Raoul Follereau assure la prise en charge du traitement des malades de la lèpre, aux côtés de centres spécialisés qui accueillent les patients durant toute la durée de la médication. Mais l’éradication de la lèpre passe aussi par le dépistage précoce et la sensibilisation. Alors, des stratégies ont dû être imaginées pour avancer dans la bataille.

De notre correspondante à Antananarivo,
« Douleur à la palpation du nerf cubital, introduction de la clofa [clofazimine, NDLR] à 300 mg pendant 3 mois. Octobre, novembre décembre… Il faudra le passer à 200 mg la semaine prochaine d’accord ? » Penché sur le dossier médical d’un patient, le docteur Cauchoix réajuste le traitement en cours. Atteint d’une forme grave de la lèpre, ce malade est soumis à un protocole compliqué mêlant corticoïdes et polychimiothérapie.
« Lui, il était en train de faire une inflammation de ses nerfs avec risque de perte de ses fonctions nerveuses », indique le docteur Cauchoix. « Et là, aujourd’hui, la satisfaction qu’on a, c’est qu’on a un malade qui n’a aucune lésion neurologique apparente et donc après 6 mois de traitement, il a complètement récupéré ses nerfs. Voilà un malade qui ne se rappellera pas qu’il a eu la lèpre. Il n’aura pas de séquelles. »
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D’où l’importance d’être dépisté à temps. Mais le problème est le suivant : « La lèpre, au stade débutant, c’est des taches, dépigmentées, insensibles, qui ne motivent pas les gens à aller consulter », souligne le médecin.
L’aide des « malades ambassadeurs » et des religieuses
Face à cette réalité, la Fondation Raoul Follereau et les soignants misent sur la sensibilisation. Mais comment atteindre les coins les plus reculés d’un territoire si vaste, et ce, sans dépenser une fortune ? Comment gagner la confiance d’une population extrêmement isolée ? Plusieurs stratégies ont récemment été développées.
À commencer par celle des « malades ambassadeurs ». « Donc, ce sont des malades qui retournent chez eux, et qui, forts de leur expérience, et de ce que leur ont appris les sœurs, témoignent dans les villages de leur maladie et du fait qu’on peut traiter cette maladie », explique le docteur Cauchoix qui ajoute que la lèpre « est encore vue comme une punition, divine. » Ou de se servir d’un réseau très développé, celui des catéchistes. « Chaque année, elles viennent ici pour faire la formation religieuse, à la Bible, mais nous, on en profite pour faire la sensibilisation à la lèpre. Qu’est-ce que c’est la lèpre ? Comment on la dépiste ? Quels sont les signes précurseurs ? »
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Sœur Johany est responsable de la formation de ses âmes de bonne volonté. « Le but, c’est que tous ces catéchistes-là vont dans le fond de la brousse. Et ils font la sensibilisation. Dès qu’ils voient des malades, ils nous les envoient », déclare la religieuse. Un vrai enjeu, car aujourd’hui, le pays est en sous-dépistage. Un tiers des 1 500 malades nouvellement diagnostiqués chaque année ont déjà un début d’invalidité.
D’après les experts, le nombre de cas dit « cachés » serait au moins deux fois plus important.
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