Reportage Afrique

Rwanda: à Musanze, l'engouement pour le cyclisme

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Plus qu’un jour avant le lancement de la nouvelle édition du Tour du Rwanda, du 19 au 26 février. Depuis plus d’une dizaine d’années, le pays se rêve en nation forte du cyclisme, d’autant plus à l’approche des championnats du monde de 2025 organisés au Rwanda. Un engouement qui fait rêver de nombreux jeunes de rejoindre les rangs des professionnels. Notamment à Musanze, ville du centre de formation de l’équipe nationale. 

Le Rwandais Eric Muhoza, lors de la précédente édition du Tour du Rwanda, le 27 février 2022.
Le Rwandais Eric Muhoza, lors de la précédente édition du Tour du Rwanda, le 27 février 2022. © AFP/Simon Wohlfahrt
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De notre correspondante à Kigali,

Vitre baissée, l’entraîneur Nathan Byukusenge crie depuis sa voiture les instructions au peloton, rejoints dans leur entraînement par quelques taxis-vélo, qui tentent de tenir la cadence de l’équipe nationale. 

« Beaucoup de monde de la jeune génération, surtout à Musanze parce qu’il y a le centre de formation, sont motivés pour commencer à s’entraîner eux aussi. Donc, beaucoup débarquent au centre et demandent comment ils peuvent commencer, alors on les envoie dans les différents clubs pour qu’ils gagnent de l’expérience », explique Nathan Byukusenge.

Dans le centre de formation, la plupart des cyclistes ont été repérés très jeunes par les entraîneurs. Patrick Byukusenge est l’un des plus anciens de l’équipe. Adolescent, il avait même abandonné l’école secondaire pour se consacrer pleinement aux compétitions. « J’étais taxi-vélo depuis cinq mois et j’ai entendu parler d’une course amateur. J’y ai participé avec mon vieux vélo. Cette course m’a fait rêver de devenir professionnel », dit Patrick Byukusenge.

Une ambition pour la plupart des jeunes sportifs : se servir du cyclisme comme ascenseur social. Une aspiration renforcée par la promotion du sport dans le pays dès les années 2000, et renouvelée en 2019 avec le passage du Tour du Rwanda dans la catégorie la plus élevée des courses de l’Union cycliste internationale. 

Un complément de salaire nécessaire

Depuis le début de sa carrière, à l’âge de 16 ans, Eric Manizabayo économise l’argent gagné pendant les compétitions pour agrandir sa maison du district de Nyabihu, voisin de Musanze. 

« Nous sommes chez moi, la maison était trop petite et le toit était trop bas. On y entrait en baissant la tête. Vous pouvez voir vous-même que nous avons élevé les murs pour que le toit soit plus haut. Il y avait une petite salle de séjour et une seule chambre, ce qui n’était pas suffisant pour nous. Je suis en train d’agrandir la salle de séjour et d’ajouter d’autres chambres. », indique Eric Manizabayo. 

Classé 9e au Tour du Rwanda l’année dernière, le jeune professionnel de 25 ans s’entraîne une grande partie de l’année, mais doit malgré tout maintenir une autre source de revenus, plus stable que celle obtenue pendant les compétitions.

« La régularité des salaires mensuels est compliquée, car cela dépend des sponsors de l’équipe. Parfois, nous passons des mois sans être rémunérés, mais nous ne lâchons pas, parce qu’il y a toujours de l’espoir. Durant mes temps libres, lorsqu’il n’y a pas d’entraînements ni de compétitions, j’aide ma mère dans les champs. Elle est cultivatrice de pommes de terre et cela nous aide à couvrir les frais de scolarité de ma sœur et de mon petit frère. » 

L’instabilité du milieu ne fait pas peur à Eric. Sur son vélo, pendant les derniers entraînements, une seule préoccupation lui reste en tête : prouver de nouveau sa valeur pendant ce Tour du Rwanda.

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