À Tunis, dans le cadre d’une exposition consacrée au tissu, « The event of a thread », la galerie Central organise des visites guidées du centre-ville de Tunis autour de son histoire textile. Une manière de redécouvrir la médina de Tunis, ses artisans, mais aussi les familles qui travaillent depuis des générations dans le tissu. Alors que le pays était autrefois connu pour son industrie textile, c’est aujourd’hui l’une des branches les plus sinistrées de l’économie avec la fermeture de plus d’une centaine d’entreprises depuis la révolution. Dans la vieille ville de Tunis, les petits commerces se maintiennent encore en vie.

La visite guidée commence avec l’exposition The event of a thread qui explore les interconnexions entre artisanat, histoire et design à travers des artistes tunisiens et internationaux… Mais très vite, Hatem Bourial journaliste culturel, emmène son groupe de dix visiteurs dans le brouhaha du centre-ville de Tunis. « Et nous allons vers Zbouna pour revenir par cette rue ensuite ». Une plongée dans l’histoire du textile en Tunisie et de son patrimoine :
« Alors l’anecdote quand même à ne pas rater parce que c’est un point très important, c’est que les gens qui travaillaient ici jusqu’aux années 70 qui étaient pour la plupart des Juifs de Tunis sont tous allés à Paris, pratiquement, et ont fondé le sentier », explique-t-il.
Dans la rue de Rome et Charles de Gaulle, des magasins familiaux de tissus qui importent de Belgique et de Turquie depuis des générations. « Je voudrais attirer votre attention sur la manière de présenter, c’est vraiment une manière qui met le stock en avant et donc la prospérité se mesure au stock. Comme dans les souks dans la Medina, vous allez voir que tout le monde est concentré dans la même rue, mais tout le monde parvient à travailler, c’est ça qui est assez intéressant et assez fascinant », dit-il.
Puis passages aux ruelles étroites de la Medina entre les rubans scintillants des merceries et les échoppes de tailleurs et cordonniers, mais surtout la fripe qui représente près de 10 000 emplois dans le pays. « Nous sommes ici dans le plus ancien souk de friperie qui a porté le nom de Bazar Kennedy, c’était le nom à l’époque où on avait que les surplus américains. C’est important pour nous de passer ici aujourd’hui, ne serait-ce que pour se rendre compte que la fripe aujourd’hui rend d’éminents services à tout le monde, en termes de prix, surtout que le produit s’est diversifié, ce n'est pas que la fringue ce sont aussi les chaussures ».
La crise touche aussi les artisans… Dans le souk des commerçants de costumes, beaucoup ont fermé boutique et ont été remplacés par des bijoutiers ou des retoucheurs. « L’activité des tailleurs, c'est plutôt une activité de retouche, donc il y a plus de retoucheurs que de tailleurs parce qu’être retoucheur, ça fait gagner plus. Le costume fait sur mesure, c’est fini », indique-t-il.
La visite s’achève par la rue des chechias, où les artisans maintiennent encore un savoir-faire. Une vraie découverte pour Myriam, qui a fait la visite. « Même quand ça m’arrive de venir ici, je ne connais pas forcément les histoires qu’il y a derrière, etc. Donc là ça m’a permis de voir ça avec un œil différent et surtout de connaître certaines histoires et certains personnages que j’ai trouvés franchement attachant. »
Du tissu haut-de-gamme des grandes familles aux artisans de la Medina, en passant par la fripe et même des cordonniers qui se reconvertissent dans la chaussure de contrefaçon, le textile en Tunisie n’a pas fini de se renouveler…
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne