Afrique du Sud: le développement de l'éolien contrarie le désir d'expansion des réserves naturelles privées
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En Afrique du Sud, le rêve d'expansion des réserves naturelles risque de se heurter au développement de projets d'énergies renouvelables. C'est en tout cas l'inquiétude d'un réseau de réserves privées qui s'oppose au développement de fermes éoliennes dans la région du Cap Oriental, à proximité du parc national des éléphants d'Addo. Ces réserves aimeraient abattre certaines de leurs clôtures pour étendre les espaces protégés. Mais l'arrivée d'éoliennes est vue comme un obstacle.

De notre correspondant à Johannesburg,
Une nature sauvage à perte de vue, c'est déjà ce qu'offre la réserve privée de Shamwari. Mais en nous conduisant sur les hauteurs, John O'Brien, écologiste de la réserve, veut nous montrer que cette ambition est empêchée.
« Regardez au loin, on peut voir un mat d'éolienne », indique John O'Brien. « Ici, on est dans la partie sud de la réserve, mais dès que vous montez en altitude, cette montagne là-bas, elle devient très visible. Et ils parlent de construire tout un tas de parcs éoliens sur cette montagne. Il n'y a quelques années, ils ont essayé de bâtir 500 éoliennes, sur ces terres près de la réserve. »
Une vingtaine de projets éoliens sont en cours de développement dans la région et ils contrarient le rêve d'expansion des réserves privées. Elles se sont réunies sous l'association Indalo. Pour se défendre, mais aussi pour mieux coopérer et envisager d'abattre leurs clôtures communes. Objectif : faciliter la circulation des animaux. « Avec toutes les réserves Indalo, on envisage de tout fusionner, pour atteindre environ 120 000 hectares sans trop de difficultés », dit John O'Brien.
Une menace pour les animaux ?
Ce projet ressemble à ce qui a déjà été fait dans le nord du pays avec le parc Kruger. Des réserves privées se sont greffées au parc national public pour étendre la surface de cette aire protégée. Un mammifère, en particulier, profiterait de cet agrandissement : le rhinocéros, comme l'explique Rob Gradwell, directeur de la réserve Lalibela.
« Les rhinocéros noirs ont besoin d'espace pour se déplacer, ils sont très territoriaux et ils écartent les jeunes. L'idée, c'est de soutenir la population dans ce corridor en leur permettant de se déplacer à toutes les extrémités. C'est un projet passionnant », souligne Rob Gradwell.
Les éoliennes sont perçues par les réserves privées comme une menace pour les animaux, pour les paysages et pour l'intérêt touristique de la région. « Malheureusement, elles auront un impact désastreux sur l'écotourisme », prévient-il. « Si les éoliennes étaient érigées et que le tourisme s'effondrait avec, les gens chercheront une alternative pour l'exploitation de leurs terres et je pense que ce sera la fin des espèces sauvages. »
Une bataille est en cours dans la province du Cap Oriental pour le partage des terres entre agriculture, énergie et écotourisme.
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