Soudan du Sud: dans le Grand Pibor, la résilience des habitants face à la crise alimentaire [3/3]
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Dans le Grand Pibor, les habitants survivent grâce à l'aide humanitaire, qui ne suffit pas. Dans ce contexte difficile et malgré l’insécurité, des projets à petite échelle, tournés vers la production alimentaire, se mettent en place.

De notre envoyée spéciale dans le Grand Pibor,
Agglutinées sous un grand arbre surplombant la rivière, des femmes de Pibor vendent des produits locaux pour survivre. Mary Nyani, une mère de famille, avoue que c’est insuffisant : « Je ne gagne pas assez pour nourrir ma famille. Je vends des noyaux de dattes, les gens mangent ça quand il n’y a rien d’autre. J’ai six enfants et mon mari est décédé. Je n’ai pas reçu de ration alimentaire récemment. Nous avons faim en permanence. »
Ailleurs dans le marché, avec d’autres femmes, Roda Rio tient un petit stand de vente de thé et de café. Elle vend aussi du parfum fait maison, et du pain qu’elle fabrique tous les jours. La journée est bien avancée, et il lui reste encore une grande bassine pleine de ces pains ronds et plats, protégés de la poussière par une bâche en plastique.
Si elle n’écoule pas toute sa production, Roda Rio ne fera aucun profit : « Il y a des commerçants qui nous fournissent les ingrédients à crédit pour faire le pain. Moi, j’ai un marchand avec qui j’ai établi une relation de confiance, je le rembourse chaque jour en fin de journée. C’est grâce à ce système de prêt que notre activité fonctionne. »
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Du bétail aux légumes
« Nous vendons notre pain surtout le matin et l’après-midi. Mais vu l’heure qui avance, je ne pense pas arriver à tout vendre d'ici à la fin de la journée. Donc, je ne vais sans doute pas faire de profit, je ramènerai le pain restant à la maison pour le donner à manger aux enfants »
On embarque sur un petit canoë pour traverser la rivière de Pibor. En cette fin de journée de mars, la rivière est encore basse. Des potagers ont été cultivés sur sa berge orientale. Un arrosoir dans chaque main, Kirika Lotong Ngandoyo Porluch puise l’eau de la rivière pour irriguer ses cultures. C’est une ONG qui a initié ce projet :
« Mon job de cultivateur m’aide beaucoup, car nous manquons de nourriture ici à Pibor. Maintenant, nous avons au moins ces légumes. Avant, j’élevais du bétail, mais à cause des conflits avec les Dinka et les Nuer, mes vaches ont été volées. J’ai donc décidé de faire autre chose pour nourrir mes enfants, plutôt que de rester inactif. »
Pour cet agriculteur, il faudrait au moins investir dans des générateurs pour pouvoir irriguer de plus amples parcelles afin d’augmenter la production agricole.
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