«Nous n'avions rien»: récits de Sud-Soudanais réchappés des combats
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Après trois semaines d’affrontements au Soudan, plus de 32 500 personnes ont fui le pays vers le Soudan du Sud. Ce sont en majorité des Sud-Soudanais restés au Soudan après l’indépendance de leur pays en 2011, ou qui y étaient revenus pour fuir les conflits, pour travailler, pour étudier ou encore, pour obtenir des soins médicaux. Beaucoup sont aujourd’hui pris au piège des combats, notamment à Khartoum. Une initiative de citoyens s’est mise en place à Juba pour lever des fonds et faciliter le transport des Sud-Soudanais qui souhaitent rentrer dans leur pays. Deux avions financés par les autorités ont ainsi permis, mercredi 3 mai dernier, le retour de 150 personnes vulnérables.

Son nouveau-né dans les bras et ses deux autres enfants pendus à sa robe, Achol John attend que son mari vienne la chercher. Née à Khartoum, elle n’est venue au Soudan du Sud que pour son mariage en 2014. Elle était retournée dans la capitale soudanaise pour son accouchement, en fin d’année dernière : « La vie était agréable à Khartoum, on ne manquait de rien. Quand on a dû fuir, on a eu des problèmes sur la route, il y avait des combats, c’était dangereux. On a fait le trajet de Khartoum à Madani, puis de Madani à Renk. Ça a été très dur, nous n’avions rien, pas d’eau ni de nourriture. »
Une fois passée la frontière sud-soudanaise, elle arrive à rejoindre l’aéroport de Paloch, mais reste coincée là-bas deux semaines : « Ça a été vraiment difficile, mais avec mes enfants, nous avons trouvé un endroit où dormir, et des gens du coin nous donnaient de la nourriture de temps en temps. »
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Des combats inattendus
Assise près de sa valise, son enfant en bas âge dans les bras, Monica Chol s’inquiète de ce retour précipité à Juba. « Ces combats m’ont vraiment prise par surprise. Je vivais confortablement là-bas. Maintenant, j’essaie d’appeler des proches pour qu’on vienne me chercher, je ne sais pas comment me repérer à Juba pour aller à la maison familiale. Je ne suis pas venue ici depuis 2013 », raconte-t-elle.
Marleen Anthony et sa mère, Theresa Andrea, attendent, elles aussi, qu'on vienne les chercher. Theresa est âgée et diabétique. Elle était à Khartoum pour des soins médicaux lorsque les combats ont éclaté. Sa fille Marleen souffle un peu après des semaines d'angoisse. « J’étais réellement inquiète à cause, de sa santé, je me demandais comment elle allait pouvoir tenir, mais quand je l’ai vue sortir de l’avion, j’ai été absolument soulagée. Le problème, c'est que nous avons encore ma sœur et ses trois enfants qui sont encore coincés à Paloch », confie la femme.
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« Il faut que la paix revienne »
Sa mère, Theresa Andrea, connaît bien Khartoum. Elle ne s'attendait pas à cette guerre : « C’est la première fois que je vois ce genre de problèmes, des combats comme ça au Soudan. Il faudrait dialoguer pour faire la paix. Les victimes, ce sont tous ces jeunes hommes qui meurent en vain. Il faut que la paix revienne, mais les dirigeants sont butés, ils refusent d’entendre ce message. »
L’initiative citoyenne qui a coordonné ces deux vols a enregistré des milliers d’autres demandes d’aide au retour de la part de Sud-Soudanais coincés à Khartoum. Les Nations unies ont, quant à elles, lancé, jeudi 4 mai, un appel pour un plan de réponse d’urgence d’un montant de 96 millions de dollars pour venir en aide aux personnes arrivées à la frontière.
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