Reportage Afrique

Nigeria: Iswap, source de l'insécurité alimentaire sur le bassin du lac Tchad [2/3]

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Dans le nord-est du Nigeria, 4,3 millions de personnes risquent de souffrir d'une grave famine au plus fort de la période de soudure, entre juin et août 2023. La pêche et l'agriculture, les deux activités principales de cette zone, sont très perturbées avec les raids et razzias perpétrés par l'État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap).

Femmes déplacées vivant au bord de la route à Monguno, dans le Borno au nord-est du Nigeria. (Image d'illustration)
Femmes déplacées vivant au bord de la route à Monguno, dans le Borno au nord-est du Nigeria. (Image d'illustration) © WFP/Patrick Fuller
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De notre envoyé spécial à Monguno,

Chaque jour, en moyenne 100 nouveaux déplacés internes passent le portail de cette grande cour. Olatunji Jeremiah supervise l'enregistrement des bénéficiaires à l'aide alimentaire. Il travaille auprès d’International Medical Corps, un des partenaires opérationnels du WFP. « Les gens ne sont pas libres d'aller sur leur champ. Aujourd’hui, ils ne sont pas encore libres de faire leur marché. Certains prennent parfois le risque d'aller cultiver quand même. Mais à la fin, vous entendrez qu'ils ont été tués ou kidnappés. Désormais, les gens préfèrent rester en sûreté là où ils sont. Puisqu'ils ne sont plus libres de se déplacer comme ils veulent ici près du lac Tchad. »

Quatorze points de distributions alimentaires dans Monguno sont affiliés au WFP. Inna Ibrahim dispose d’une carte magnétique précieuse. Sa famille et elle sont bien éligibles à l'aide. Aujourd'hui, cette maman de sept enfants vient récupérer le soutien alimentaire. Ces deux dernières années, Inna et les siens ont dû fuir cinq localités différentes du jour au lendemain pour échapper aux ravages de l'Iswap. « Nous sommes arrivés au point où nous n’avions plus rien, on avait dépensé tout notre argent. C’est pour cela que nous sommes revenus dans un village proche de notre communauté. En fait, j'ai vécu dans un vrai calvaire avec ma famille avant de commencer à recevoir ce soutien alimentaire grâce à International Medical Corps. »

Depuis un mois, Abubakar tente d'enregistrer sa famille sur les listes d’International Medical Corps. Natif de Monguno, ce forgeron est sans revenu. Plus personne ne fait fabriquer des outils pour défricher ou cultiver. « Nous nous couchons avec la faim. Et lorsque les enfants crient famine, nous leur donnons de l'eau chaude pour les aider à dormir. En tant qu'adultes, nous pouvons supporter la faim. En revanche c'est impossible pour les enfants. »

► À lire et écouter aussi : Nigeria: Iswap, le règne de la terreur sur le bassin du lac Tchad [1/3]

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