Reportage Afrique

Nigeria: le camp de Muna, une réponse thérapeutique à la malnutrition infantile [3/3]

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Le Programme alimentaire mondial (WFP) annonce des chiffres alarmants concernant le nord-est du Nigeria. 4,3 millions de personnes sont sous la menace de grave famine au plus fort de la période de soudure, à partir de juin et août 2023. Dans le camp informel de Muna, un lotissement de Maiduguri, une clinique accueille des enfants malnutris et leurs mamans sont accueillis et soignés.

Un bébé est nourri avec un aliment thérapeutique dans la clinique Muna, à Maiduguri.
Un bébé est nourri avec un aliment thérapeutique dans la clinique Muna, à Maiduguri. © Karel Prinsloo / WFP, droits réservés, février 2023
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De notre envoyé spécial à Maiduguri,

À l’intérieur d’une petite salle de consultation, l’infirmière Awa Mena mesure le tour de bras de Maryam, à l’aide d’un bracelet. La toute petite fille, au visage émacié, s’agite à peine alors que sa maman est davantage soucieuse.

Awa observe le bracelet, se redresse puis sourit à l’enfant effrayée, qui la fixe du regard. « Elle souffre de malnutrition aiguë. Elle a vraiment besoin de soins médicaux », explique-t-elle. « C’est pourquoi, en général, je demande aux parents s’il y a des antécédents médicaux dans la famille. Je dois savoir si eux-mêmes souffrent d’une pathologie particulière. Avec ces informations, je vais savoir quels traitements recommander ou vers quels services médicaux orienter. »

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Un taux de guérison proche de 100 %

Dans une autre pièce, Awa saisit, puis montre un sachet à la maman d’Awa. À base d’arachide, cet aliment thérapeutique est destiné aux enfants entre 6 mois et 5 ans. L’infirmière remet à la maman la quantité requise pour Maryam. Grâce à ce produit thérapeutique, le taux de guérison des enfants malnutris dans le campement informel de Muna est proche de 100 %.

« On distribue la ration quotidienne à chaque enfant reconnu malnutri », indique Awa Mena. « Les parents suivent les règles. Ils nourrissent leur enfant avec ce produit thérapeutique. Leur mode de vie progresse aussi. Parce qu’on leur enseigne aussi l’hygiène de base personnelle. Au bout de deux semaines, on constate une sensible amélioration et d’autres choses. »

Un flux de familles qui ne tarit pas

Si la situation est encore sous contrôle, pourtant Awa Mena s’inquiète. La saison des pluies est imminente et le paludisme va malheureusement encore frapper beaucoup d’enfants déjà fragilisés. Surtout, le flux de nouvelles familles arrivant avec des problèmes de sous-alimentation sur le campement de Muna, ne tarit pas. 

« Ils viennent de leurs villages. Certains viennent de la brousse, d’autres viennent d’autres localités où ils avaient été relogés », poursuit l'infirmière. « Certains viennent ici parce qu’ils ont peu de parents. D’autres encore parce qu’ils ont été chassés de l’endroit où ils se trouvaient et qu’ils ne peuvent plus cultiver la terre. »

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Le nombre de ces enfants et adultes sous-alimentés pourrait encore exploser avec les aléas climatiques. Et surtout avec la lourde et insidieuse présence de l’Iswap sur le pourtour du lac Tchad, côté Nigeria.

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