RDC: à Djugu, peur et méfiance enracinées depuis longtemps entre communautés Hema et Lendu [1/3]
Publié le :
Ce mercredi et jusqu’à vendredi, RFI consacre plusieurs reportages à la situation dans le territoire de Djugu dans l’est de la RDC. Les rivalités entre communautés Hema et Lendu y sont anciennes. Mais depuis 2017, plusieurs cycles de violence ravagent à nouveau cette zone, où des milices dites d’autodéfense se sont créées. Y règne donc un climat de défiance où chaque communauté vit séparée.

De notre envoyée spéciale à Djugu,
À Blukwa Mbi, un village Lendu, une jeune lessiveuse nettoie ses vêtements devant sa maisonnette. Sa famille est dans les parages, personne n’ose s’aventurer trop loin. Florestine est vendeuse, mais ne part plus au marché : « Ces derniers temps, c’est difficile de faire ça. Les jours où je ne pars pas au marché, je pars au champ et j’arrange avec ça les besoins familiaux. Mais le prix de la pomme de terre a baissé. Il n’y a pas non plus de clients pour les acheter. »
Des conflits intéressés
L’insécurité que décrit Florestine est liée à la présence de groupes armés. Notamment de la Codeco qui dit défendre la communauté Lendu et des Zaires qui disent défendre les Hema. Des nébuleuses dont les chefs restent inconnus, détaille Salomon Jibu, qui se présentent comme un porte-parole des Lendu de la zone : « Les gens qui se trouvent en armes sont derrière quelques-uns, qui cherchent leurs intérêts personnels. Des gens qui ont de l'argent. Ils ne veulent pas que cette affaire puisse prendre fin pour qu'ils puissent continuer à beaucoup gagner d'argent, voler l'or d'ici, etc. C'est ça le problème. »
► À lire aussi : RDC: dans le territoire de Djugu, l'aide humanitaire insuffisante face à l'ampleur des besoins
À quelques kilomètres, dans le village hema voisin, une dizaine de personnes se sont regroupées devant le bureau de la chefferie. Jean de Dieu Mambo est l’un des responsables de la société civile locale : « Un enlèvement s'est fait à un demi-kilomètre de la chefferie. »
La Monusco dissuasive
Côté Hema, leurs attaques font régner la psychose. Nombreux sont ceux qui vivent retranchés dans des camps de déplacés, comme à Rhoe au pied d'une base des casques bleus de la Mission de maintien de la paix de l'ONU, la Monusco, où habite Willy : « Il y a des villages voisins sur notre site ici qui ont été attaqués aussi, mais on a quand même les Blancs de la Monusco ici proches de nous. Alors c'est avec leurs efforts qu'on résiste encore dans le site ici, parce que la Monusco, ils les craignent. »
Plus d’un million et demi de personnes étaient déplacées fin mars 2023, selon Ocha, le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies.
► À lire aussi : Est de la RDC: dans le Masisi, le règne des hommes armés ou l’insécurité permanente
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne