Ouganda: à Kanyatsi, ancien passage des ADF vers l'Ouganda, la population se mobilise [2/3]
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En Ouganda, les mesures de sécurité ont été renforcées après l’attaque d’une école secondaire par de présumés ADF, le 16 juin dernier à Mpondwe, à proximité de la frontière avec la RDC. Pour les habitants, le drame a fait ressurgir de difficiles souvenirs des années 1990, lorsque le groupe rebelle, à l’origine ougandais, mais basé depuis plus d’une vingtaine d’années dans l’est de la RDC, menait des attaques dans la région ougandaise des montagnes du Rwenzori. Dans le village de Kanyatsi, au cœur de la chaîne de montagnes et passage historique des ADF, la population se mobilise pour se protéger.

De notre envoyée spéciale à Kanyatsi,
Surplombant la rivière Tako, Edson Njike, l’un des habitants de Kanyatsi, contemple la vallée défrichée par la communauté depuis l’attaque attribuée aux ADF à Mpondwe, à une dizaine de kilomètres de son village, le 16 juin dernier.
« À la vue des abords de notre rivière, nous avons pensé que notre sécurité n’était pas garantie. Les hautes herbes pouvaient servir de cachettes pour les rebelles. C’est pour ça que nous avons décidé de les couper. »
La rivière marque la frontière, très poreuse dans cette région montagneuse du Rwenzori, entre l’Ouganda et la RDC. Pour le maire de Kanyatsi, Kule Milton, l’attaque de Mpondwe a réveillé de nombreux mauvais souvenirs.
« Pour entrer, ces groupes passent toujours dans notre zone, depuis 1989. Nous avons perdu des habitants, et ce qui s’est passé récemment, on s’attendait à ce que ça se passe aussi ici. Tout le monde avait peur. Certains ont même commencé à dormir ailleurs. Mais nous avons mis en place des mesures dans la communauté, maintenant, ils sont revenus à la normale. »
Un village déjà ciblé par le passé
Dans le passé, plusieurs groupes rebelles attaquaient fréquemment le village : la mémoire de neuf responsables locaux tués en 1990 par l’insurrection NALU, avant leur ralliement aux ADF, reste dans les esprits. Les ADF avaient également occupé le village pendant plus d’une semaine en 1996, avant d’être délogés par les militaires ougandais. Désormais, face-à-face et séparés par la rivière, les habitants des deux côtés de la frontière communiquent toute information sécuritaire. À Kanyatsi, si les déploiements des forces de l’ordre ont été renforcés, des patrouilles sont aussi organisées par les habitants.
« Ils ont organisé des groupes dans certaines zones pour monter la garde. Ici, nous prenons des précautions et nous avons intensifié la sécurité. Les personnes que nous ne connaissons pas, nous les arrêtons. Nous avons même commencé à fermer tôt, vers 20 ou 21h. On ferme les bars pour que la sécurité puisse se déplacer et voir la zone le mieux possible. »
Le défrichage de la rivière doit désormais continuer dans d’autres villages du Rwenzori, afin d’éviter que le groupe rebelle ne reprenne ses routes historiques.
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