Les séries télés qui ont fait le buzz [2/4]: «Country Queen», une production kényane
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Country Queen, une série kényane sortie en 2022, raconte l’histoire d’Akisa, une organisatrice d’évènements qui vit à Nairobi. Lorsque son père tombe malade, elle retourne dans son village natal. Elle le découvre déchiré entre ceux qui luttent contre l’exploitation de leurs terres par une compagnie minière et ceux qui veulent en tirer profit. Mêlant drames amoureux et familiaux, corruption et conflits fonciers, la série rend compte des multiples expériences de la vie au Kenya.

De notre correspondante à Nairobi,
« Voleurs, expropriateurs de terres. » Dès le premier épisode de Country Queen, le ton est donné. Un individu interrompt un évènement organisé par la compagnie minière, accusant l’entreprise d’avoir volé des terres. Quelques minutes plus tôt, les spectateurs découvraient un triangle amoureux. L’audience le comprend vite : Country Queen mélange drame et politique.
« Les télénovelas sont très populaires au Kenya, explique Vincent Mbaya, le réalisateur de la série. L’idée, c'était d’attirer l’audience grâce à des éléments de "soap" pour ensuite amener des problématiques plus profondes. Une des premières choses que le téléspectateur découvre, c'est le triangle amoureux, ce qui le captive, puis, au fil des épisodes, la série évoque des sujets plus graves. C’était l’objectif voulu : toucher à plusieurs thèmes pour inciter l’audience à réfléchir. »
Les six épisodes balaient de multiples thématiques : les conflits autour des terres, l’espoir d’une vie meilleure dans la capitale, la place des femmes dans la société, la corruption et surtout l’exploitation des plus pauvres par de grandes entreprises. À l’image d’une des scènes, dans laquelle un professeur à la retraite tente d’expliquer les théories de Karl Marx à des jeunes des rues. « Le capitalisme exploite les pauvres au profit des riches », dénonce l'enseignant, avant de définir la bourgeoisie et le prolétariat. « Que peut-on faire ? », s’interroge l’un des jeunes. « Rien, lui répond un autre. Si tu essaies de faire quelque chose, tu vas être battu par la police. »
Les dialogues font alterner anglais, swahili ou kamba, une des multiples langues du Kenya. Car si la série est diffusée sur une plateforme internationale, elle a été pensée pour une audience kényane. « Nous nous sommes baladés dans plusieurs régions avec mon équipe et nous avons demandé aux habitants ce qu’ils voulaient regarder, explique Kamau wa Ndung’u, le producteur. Ils nous disaient "nous voulons plus d’histoires du pays". Car la plupart des productions télévisées sont en zone urbaine, tout est très glamour avec de grosses voitures, des grandes maisons... Les Kényans veulent des séries auxquelles ils peuvent s’identifier. Et les retours ont été vraiment positifs ! »
Sur les réseaux sociaux, les fans s’impatientent : quand vont-ils pouvoir regarder la saison 2 ? L’histoire est déjà là, mais il faut trouver du budget, explique Kamau wa Ndung’u.
► Country Queen, disponible sur Netflix au Kenya et sur Arte en France (titre français : Pour l’or de Tsilanga).
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