Reportage Afrique

Jeux vidéo: au Cameroun, l'e-sport se professionnalise

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Un premier club e-sport professionnel a été créé à Yaoundé. Un champion d'Afrique fait partie de la quinzaine de joueurs de ce club. Malgré les préjugés sur les jeux vidéo de compétition, ces athlètes d'e-sport veulent croire en leur discipline.

Deux joueurs camerounais ont brillé dans une compétition internationale en Arabie saoudite, en terminant 5 et 7e sur une soixantaine de nations présentes.
Deux joueurs camerounais ont brillé dans une compétition internationale en Arabie saoudite, en terminant 5 et 7e sur une soixantaine de nations présentes. © CC0 Pixabay/Contributeur
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De notre correspondant à Yaoundé,

Dans cette salle sombre, le générique à fond dans les oreilles, Arex 16 ans, répète ses gestes techniques comme le ferait tout sportif. Les yeux rivés sur un écran, ses doigts pianotent à toute vitesse sur une manette. « C'est à travers la Coupe du monde Fortnite que j'ai pris cette passion pour le jeu. Pour un jeune de mon âge, l'e-sport permet d'entrer dans les milieux compétitifs, même si on ne fait pas dans le basket et le foot… », explique-t-il.

Arex s'entraîne 5 jours sur 7 au club Insomnia à Bastos, un quartier huppé de Yaoundé. Souvent sous le regard attentif de Boris, son entraîneur. Boris a pour mission de le préparer avant les compétitions e-sport comme c'est le cas en ce moment.

« C'est une sorte de répétition, comme tout sport, l'e-sport a des athlètes, soutient Boris. Là maintenant, nous sommes en train d'effectuer des simulations. Vous êtes à la base un joueur ou un stratège ? Je suis plutôt une personne passionnée m'y connaissant très bien dans le milieu avec pour vocation d'accompagner les personnes capables de faire le travail mieux que moi sur ce plan. »

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Ousseyni Sali, la fierté d'Insomnia

Insomnia est le premier club professionnel de e-sport au Cameroun. Il compte une quinzaine de joueurs pro, à l'instar de Ousseyni Sali, double champion d'Afrique. Un jeune homme timide qui se déchaine quand retentit le générique de Street Fighter, son jeu favori. Ce champion est une fierté du club.

« J'ai commencé depuis que je suis très petit. En continuant dans ma passion, cela m'a mené à des choses formidables », raconte Ousseyni Sali qui poursuit : « Être champion d'Afrique ouvre d'autres perspectives. J'aimerais qu'au Cameroun il y ait un peu plus d'infrastructure, et que le gouvernement essaye de faire en sorte que les joueurs camerounais puissent participer à plus de compétition parce qu'on a beaucoup de mal à faire les déplacements. »

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Une discipline d'avenir au potentiel économique non négligeable

Olivier Nkotto est le premier manager de carrière professionnel e-sport au Cameroun, il manage le potentiel du joueur, trouve des compétitions et s'occupe du volet administratif. Pour lui, le e-sport est encore embryonnaire au Cameroun, il estime que les entreprises devraient s'investir dans l’e-sport, car il s’agit d’une discipline d'avenir qui peut générer dans certaines conditions autant d'argent que le cinéma.

« Le e-sport au Cameroun est malheureusement encore inexistant. On voit toujours le gamer comme une espèce de voyou, or dans d'autres pays, c'est quelque chose qui rapporte presque comme le cinéma. »

Loin de l'engouement médiatique et sans soutien des autorités du pays, les athlètes e-sport camerounais creusent leur sillon. Il y a peu de temps, deux joueurs camerounais ont brillé dans une compétition internationale en Arabie saoudite, en terminant cinquième et septième sur une soixantaine de nations présentes.

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