Centrafrique: à Bangui, une église orthodoxe financée par la Russie
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En République Centrafricaine où les habitants pratiquent majoritairement le catholicisme, différentes formes de protestantisme, l’islam et l’animisme, une nouvelle forme de chrétienté a fait son apparition : l’orthodoxie. Fondée en 2013 dans un quartier périphérique de la capitale Bangui, L'église Saint-André, toute première paroisse orthodoxe de Centrafrique, connaît un élan de vitalité depuis le déploiement de la société militaire privée Wagner dans le pays comme un nouveau signe de l’influence grandissante de la Russie.

De notre correspondant à Bangui,
Les cantiques s’élèvent dans les fumées d’encens, les fidèles embrassent la croix sous les icônes. Monseigneur Régis Sinclair Voyemawa baptisé « Sergueï » découvre l'orthodoxie lors de ses études au Cameroun. Il est alors choisi pour devenir le premier « pope » de Centrafrique.
« Mais l'église appartient déjà à l'Église orthodoxe russe, donc nous sommes des Russes Centrafricains parce que nous avons notre siège. Et à Moscou, sur le plan religieux, nous sommes les représentants de l'Église orthodoxe russe en Centrafrique. »
Elisabeth, fidèle de l’église Saint-André : « Vous savez, la RCA a traversé des périodes difficiles. Et en ce moment, on n'en a pas fini. Il y a les rebelles un peu partout, et je crois que la Russie est intervenue, et intervient encore en ce moment. Donc le groupe Wagner nous aide un peu à faire fuir les rebelles. Pourvu qu'on soit en paix. »
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Sergueï se défend de tout lien avec les mercenaires dont les exactions sur les civils sont aujourd’hui largement documentées. C’est « une campagne de désinformation », dit-il. Mais depuis son allégeance au patriarcat de Moscou l’an dernier, les finances de son église se portent nettement mieux.
« Allez dans les écoles, vous allez voir. Vous qui êtes des médias, qu'est-ce que la France fait de concret en Centrafrique ? Rien. Et aujourd'hui, je suis devenu orthodoxe russe, mais j'ai eu un bâtiment en moins d'un an, un petit bâtiment. Déjà ça, c'est un geste. »
La Russie finance également les bourses de deux étudiants en théologie, les salaires des enseignants ainsi qu’une aide sociale aux plus démunis, dont une douzaine d’orphelins qu’il recueille à son domicile.
« Les Centrafricains sont comme les orphelins de la France, abandonnés à leur propre sort. Et c'est vrai que les gens peuvent dire l'influence russe sur la France, mais ce n'est pas la faute des Centrafricains. On est totalement abandonné à notre propre sort. Si vous avez un enfant qui ne mange pas bien, il n'est pas en sécurité, il peut se retrouver chez le voisin, ce n'est pas la faute du voisin. »
Opération d’influence ou simple coopération religieuse, la première paroisse orthodoxe de Centrafrique revendique aujourd’hui plus de 700 fidèles.
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