À Tunis, le musée du Bardo rouvre ses portes après deux ans de fermeture
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Le plus grand musée de Tunisie, le deuxième d’Afrique et surtout l’une des plus grandes collections de mosaïques antiques au monde rouvre ses portes. Le musée du Bardo avait été fermé en juillet 2021, au moment où le président Kaïs Saïed s’était emparé des pleins pouvoirs. Jouxtant le Parlement, le site était considéré comme sensible. Sa réouverture fait la joie des visiteurs, mais surtout de sa directrice.

De notre correspondante à Tunis,
En cette matinée de début de semaine, les visiteurs arrivent par petites grappes. Des Tunisiens établis à l’étranger, quelques étudiants et des touristes. Puis arrive Fatma Naït Yghil, la directrice du musée. Impossible de la rater, elle et son grand sourire : « Dès le premier jour, c’était un grand bonheur, on a eu une croisière, on a accueilli à peu près 800 voyageurs. Il y a eu 14 bus de touristes. Il y a des Tunisiens aussi qui sont venus, on a eu tous les âges. Les enfants, les adultes, les retraités. C’était un vrai bonheur d’assister à cette renaissance. »
Fermé à la suite de la prise des pleins pouvoirs par Kaïs Saïed en 2021, endeuillé par un attentat en 2015, le musée du Bardo – installé dans un ancien palais beylical – a une histoire intimement liée à celle de la Tunisie. Pas question de parler politique, la directrice préfère insister sur le fait qu’elle et ses équipes ont su transformer l’épreuve de la fermeture en opportunité : « On en a profité pour faire les travaux d’entretien, de rénovation qu’on ne pouvait pas faire quand il était ouvert au public. Et vous allez découvrir cela avec nous, vous allez voir qu’il y a eu beaucoup de rénovations, souligne la directrice du musée. Il n’y avait pas ces vitrines avant. C’est la poterie de Sejnene qui est classée sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco. »
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Une fermeture pour une nouvelle jeunesse
Lumières, peintures, scénographie, le musée s’est refait une jeunesse. De nouvelles salles ont également été ouvertes. Dans les dédales du musée, les époques se mêlent. Les langues aussi. Dès qu’ils ont appris que le musée rouvrait enfin, Jean-Michel et son épouse, deux touristes venus de la Drôme en France, n’ont pas résisté à la tentation de le découvrir. « On vient de passer une heure avec notre guide et là il nous a laissé un petit moment tranquille pour prendre des photos et revoir certaines pièces qui nous intéressaient. Il y avait bien sûr Ulysse attaché à son mât avec les sirènes, Neptune. Je trouve ça extrêmement riche en histoire. Les mosaïques sont magnifiques, je suis même étonné qu’on puisse marcher sur certaines. C’est un travail d’entretien et de restauration qui est vraiment très bien fait », s’enthousiasme Jean-Michel.
Avant la fermeture du musée, l’établissement tablait sur un million d’entrées par an. Des chiffres probablement trop ambitieux désormais. Pas de quoi éclipser le sourire de la directrice, trop heureuse de voir, comme elle dit, « la vie revenir » dans son musée.
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