Reportage Afrique

Tunisie: l'inquiétude des étudiants palestiniens, coupés de leurs familles à Gaza

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En Tunisie, 519 étudiants palestiniens font leurs études dans le pays qui octroie le plus gros quota de ses bourses internationales pour ces derniers. Beaucoup viennent de Gaza et sont envoyés après leur baccalauréat poursuivre leurs études en Tunisie. Les formations médicales, paramédicales, mais aussi le journalisme sont parmi les formations très demandées. Avec la guerre, les bombardements continus sur Gaza et les annonces quotidiennes des pertes humaines et du nombre de blessés qui augmentent, beaucoup vivent dans la peur permanente de perdre leurs proches. 

Un incendie éclate à la suite du bombardement israélien du nord de la bande de Gaza, le 29 octobre 2023, au milieu des combats en cours entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.
Un incendie éclate à la suite du bombardement israélien du nord de la bande de Gaza, le 29 octobre 2023, au milieu des combats en cours entre Israël et le mouvement palestinien Hamas. © Jack Guez / AFP
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De notre correspondante à Tunis,

Mohamed Abu Jabal et Mohamed Shafi discutent autour d’une boisson gazeuse dans le café adjacent à leur foyer universitaire de la Manouba, à l’ouest de Tunis. Les deux jeunes hommes étudient le journalisme depuis trois ans à Tunis, mais leur quotidien a été bouleversé depuis les bombardements sur Gaza après l’attaque du Hamas.

Mohamed Abu Jabal raconte le quotidien de sa famille sur place : « Ma famille est partie rejoindre ma sœur à une douzaine de kilomètres de chez nous, car nous habitons dans le nord, la partie la plus bombardée, mais leur quotidien reste très dur », explique-t-il. « Ils n’ont pas d’eau ni d’électricité. Dès qu’ils sortent dehors, ils sont face à la destruction de la ville et aux martyrs de ceux qui ont été tués lors des bombardements. Il y a également un début de famine, car les ressources pour trouver à manger se font de plus en plus rares. Certains membres de ma famille font la queue près de cinq heures durant la journée pour trouver du pain et de quoi manger. »

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Mohamed Shafi, lui, se réveille chaque jour sans pouvoir se concentrer pour aller en cours, inquiet du sort de sa famille.

« On dit toujours que nous, en tant que Palestiniens, dès que la nuit tombe, on dort en se sentant coupable, car on pense à nos familles qui sont là-bas. Personnellement, je n’arrive plus à dormir depuis le début des bombardements, je dors seulement deux à trois heures par jour maximum. Et dès que je me réveille, mon premier geste, c'est d’aller sur mon téléphone pour essayer d’appeler ma famille que j’ai souvent du mal à joindre », raconte Mohamed Shafi.

Une assistance psychologique mise en place

Face à l’ampleur de la guerre, le ministère de l’Enseignement supérieur à Tunis a pris des mesures d’exception pour les étudiants palestiniens, comme l’explique Malek Kochlef, directeur de la coopération internationale

« L’assistance psychologique fait partie des mesures phares prises par le ministère, en particulier parce que nous avons eu un retour d’information du terrain sur des situations réellement dramatiques. Nous avons des étudiants qui ont perdu des membres de leur famille, proche ou éloignée suite aux bombardements, et beaucoup parmi les non-boursiers ont et auront des difficultés financières. »

Le ministère a ouvert les foyers universitaires gratuitement pour les étudiants de Gaza, ne pouvant plus payer leur loyer et une extension de bourse au niveau Master a été proposée, face à l’incertitude d’un retour à Gaza ou même la possibilité de revoir un jour leurs proches.

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