Reportage Afrique

Centrafrique: une école sous paillote pour que les enfants de Ngougoua reprennent le chemin de l’école

Publié le :

En Centrafrique, la plupart des établissements scolaires publics de la capitale ont été pillés ou partiellement détruits durant les multiples crises militaro-politiques qui ont secoué le pays. C’est le cas de l’école mixte la fontaine de Ngougoua située à 17 km à l’est de Bangui. Cet établissement construit dans les années 2000 a été complètement détruit en 2020 par des hommes armés. Cette année, le chef du village et certains parents d’élèves ont décidé de construire une école sous paillote, ce qui a permis à certains élèves de reprendre leur scolarité après trois ans d’absence. Rolf Steve Domia-Leu

les élèves de CP1 et CP2 sont rassemblés sous un même hangar. Ils n’ont pas eu besoin de franchir de porte puisqu’il n’y en a pas. Il n’y a pas de murs non plus, on aperçoit la brousse, des chiens, des coqs et des chèvres qui passent
les élèves de CP1 et CP2 sont rassemblés sous un même hangar. Ils n’ont pas eu besoin de franchir de porte puisqu’il n’y en a pas. Il n’y a pas de murs non plus, on aperçoit la brousse, des chiens, des coqs et des chèvres qui passent © Rolf Steve Domia-Leu/RFI
Publicité

De notre correspondant à Bangui,

Au fond de la cour, un élève fait raisonner avec un bâton une jante de voiture accrochée à un manguier. Cette cloche improvisée annonce la fin de la récréation pour les 150 élèves de l’école mixte de Ngougoua. Les pieds blanchis par la poussière, les visages colorés par la craie, les élèves de CP1 et CP2 sont rassemblés sous un même hangar. Ils n’ont pas eu besoin de franchir de porte puisqu’il n’y en a pas. Il n’y a pas de murs non plus, on aperçoit la brousse, des chiens, des coqs et des chèvres qui passent. Dans cette classe d’une vingtaine de mètres carrés, la toiture en paille est maintenue par des morceaux de bois fixés par des fils d’écorce.

Assise à même le sol, Sephora 10 ans, rêve de devenir médecin. « J’étais en classe de CP1 lorsque mon école a été détruite par des hommes armés. L’année qui a suivi, mon père n’a pas voulu m’inscrire parce que l’école la plus proche se trouvait à 10 km. J’ai perdu trois ans à la maison. Je remercie les personnes qui nous ont construit ce hangar même si les conditions sont difficiles », raconte-t-elle.

À lire aussiRCA: des petits Centrafricains privés d'école par la guerre

Cet établissement est tenu par Gladys Ndabalé, une jeune femme dont c’est la première expérience dans l’enseignement. À peine a-t-elle quitté les bancs de l’école de formation qu’elle retrouve un autre banc, cette fois sous un hangar : « Les enfants ont la volonté d’étudier, mais ils avaient perdu trois années sans étudier. C’est difficile pour eux d’avoir un bon niveau après cette longue rupture. Je suis obligée de leur dispenser les cours en langue nationale pour faciliter la compréhension. Je regroupe les élèves de CPI et CP2 sous cette paillote ».

À midi, le cours s’achève. Dehors, les parents d’élèves réunis autour d’un tas de briques attendent leurs enfants. Simon est venu chercher sa fille : « Il n’y a pas de tables, pas de bancs dans cette école. Le hangar menace de s’écrouler à tout moment. Les élèves de CP1 et CP2 étudient sous le même hangar. Ils n’ont pas de tableau. Quand il pleut, les enseignants sont obligés de les libérer. Les serpents et d’autres reptiles sont partout dans la brousse. L’éducation doit être la priorité du gouvernement ».

Malgré l’insécurité, la peur et les incertitudes sur la réalisation des programmes scolaires, les 150 élèves de l’école mixte de Ngougoua ont soif d’étudier, car ils sont convaincus que l’école représente l’avenir.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes