RDC: à Kisangani, la problématique de l'accès à l'électricité
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Alors que la campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 20 décembre se poursuit en RDC, l’essentiel des 100 millions de Congolais, dont les 44 millions d’électeurs attendus aux urnes, se heurtent à la problématique de l’accès à l’électricité. Moins de 20 % de la population ayant seulement accès à l’électricité, c’est l’un des taux les plus bas du continent. C’est l’un des sujets de campagne.

De notre envoyé spécial à Kisangani,
Au cœur de la commune de Makiso, centre-ville, André et ses employés d’un atelier d’ajustage sont dans une véritable course derrière la montre. Ferrailles, baguettes de soudures, bar de fer... le travail doit vite s’exécuter, car après des jours de coupure de l’électricité, le courant peut être interrompu à tout moment de la journée.
« Nous n’avons aucune minute à perdre. Imaginez que notre ligne est l’une des plus privilégiées, mais nous sommes fournis en électricité une à deux fois par semaine. Pour éviter des problèmes avec les clients, nous employons un groupe électrogène. Le litre d’essence se négocie présentement à 4 dollars. Un travail sans bénéfice à cause du manque de l’électricité. Nous souffrons ici et personne ne nous écoute », déplore André.
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Le manque d'électricité, « le socle de la pauvreté » à Kisangani
Même si sa fourniture est médiocre, la Société nationale d’électricité (SNEL) ne se prive pas de facturer ses clients. Derrière un mini-transformateur, Assumani. « C’est malheureux. Ils viennent ici avec des factures sur base de rien. Nous considérons cela désormais comme une taxe. En octobre, nous avons été alimentés deux fois, mais ils nous ont facturé comme si nous étions fournis 30 jours complets », indique Assumani.
Les tenanciers des chambres froides et leurs clients en sont les plus grandes victimes. Chaque semaine, Espérance, près du marché central, jette des kilos de chinchards, poulet et autres vivres stockés. « Ce sont d’énormes pertes et c'est tous les jours. Le manque de l’électricité est le socle de la pauvreté dans cette ville. Peut-on imaginer qu'on laisse nos congélateurs branchés et juste espérer qu'on ait de l’électricité la nuit ? Ils nous alimentent pendant 30 minutes et après, plus rien. Il y a de cela quelques mois, les autorités avaient pourtant amélioré la situation, mais en fait cela n'a duré qu'un mois, juste pour nous flatter. »
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Délestage impossible
La ville de deux millions d’habitants dépend de la centrale hydroélectrique de la Tshopo héritée de l’époque coloniale. Kisangani a besoin de 48 mégawatts, mais la centrale n’en fournit que huit actuellement, selon les autorités. Impossible même d’assurer un délestage, estime Gentil Sefu du mouvement citoyen Lutte pour le changement.
« La SNEL privilégie d’abord la Bralima qui produit la boisson, cette société a besoin de deux mégawatts sur les huit. Les six restants, on les donne, selon la SNEL, là où il y a les rizeries, postes des soudures et les officiels, alors que ces autorités-là, ce sont celles qui ont des moyens d’acheter des groupes électrogènes, carburant… Les paisibles citoyens manquent même de quoi allumer leurs lampes à la maison. Nous considérons que la ville est dans le noir. Même le délestage, c’est impossible. »
Les députés pointés du doigt
Toute la colère est dirigée contre les députés. Qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, ils sont accusés de n’avoir pas suffisamment porté haut la voix de leurs électeurs.
« Nous avons lancé la campagne “Zéro élu réélu pour un Congo fort”, parce que nous nous sommes rendu compte que les élus de 2018 ont failli à leurs missions », assène Maître Christian Kambi de la nouvelle dynamique de la société civile de Kisangani. « Nous ne savons même pas les raisons qui les ont poussés à être députés. Tous sans exception ont failli à leur mission »
Les militants demandent la construction d’une autre centrale près du centre-ville ou la réhabilitation complète de celle déjà vétuste installée sur la rivière Tshopo.
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