Reportage Afrique

Centrafrique: les habitants du PK5 se souviennent avec mélancolie de la belle époque de leur quartier [1/3]

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Situé dans le 3e arrondissement de la capitale, ce quartier populaire de Bangui, majoritairement musulman, est à la fois appelé Km5 ou « Cinq-Kilos ». Entre les années 60 et 90, il était connu pour le dynamisme de sa population, sa diversité et sa densité. Un secteur cosmopolite où tout le monde se retrouvait pour partager le thé, le méchoui et suivre des concerts.

Une vue du quartier populaire du KM5 ou Cinq-Kilos, un quartier de Bangui a majorité musulmane. (Image d'illustration)
Une vue du quartier populaire du KM5 ou Cinq-Kilos, un quartier de Bangui a majorité musulmane. (Image d'illustration) © ONU
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De notre correspondant à Bangui,

Appuyé sur sa canne, Aladji Cabara marche lentement en chantant l’un des vieux disques des années 70. En compagnie de quelques camarades, cet ancien conducteur de taxi nous amène à la découverte de l’ex-bar dancing Étoiles, construit dans les années 70 et détruit après des années de crises. Né en 1952, Aladji Cabara secoue la tête et verse des larmes nostalgiques : « L’ambiance du KM5 était pure et indescriptible. À l’époque de l’empereur Bokassa, le coût de la vie était moins cher. PK5 était le centre de l’ambiance, parce qu’il y avait une trentaine de bars dancing. Je peux citer entre autres les bars Punch Coco, Étoiles ou encore le Rex. Les grands orchestres comme Vibro Succès, Tropicale Fiesta, Centrafrica Jazz mettaient de l’ambiance partout. La Nostalgie ! »

Malgré la chaleur, nous traversons tout le quartier pour visiter des endroits historiques. À côté de la mosquée centrale, assis sur des nattes, Amadou Roufaï partage le chai, une autre appellation du thé, avec ses amis : « Je suis fils des années 60. Pour parler de cette époque, je dirais qu’il y avait une ambiance totale. Les communautés chrétiennes et musulmanes vivaient en parfaite harmonie. Lorsque les Centrafricains de la diaspora arrivaient à Bangui, ils venaient d’abord manger le méchoui de KM5 avant d’aller chez eux. Le meilleur méchoui, c'est au KM5. Même aux heures tardives, les gens venaient manger le méchoui, prendre un verre avant de rentrer chez eux tranquillement. »

Le KM5 au rythme de la musique

Direction le terrain de football de Sagbado. Ici quelques enfants s’entraînent avec le ballon rond. Mais, dans les années 80, ce terrain était un carrefour de la sape. Aladji Ouananga Cabara : « C’est ici que les grands sapeurs de KM5 se retrouvaient avant d’aller aux soirées dansantes. Chacun prenait le soin d’imbiber ses cheveux avec de l’huile de karité avant de les peigner soigneusement. On portait des pantalons gabardine à pattes d’éléphant avec des chaussures très pointues appelées pointinini. La classe ! » 

À cette époque, il n’y avait pas de couvre-feu, les habitants pouvaient se promener du matin au soir et faire la fête jusqu’à l’aube. En ce temps-là, PK5 vibrait au rythme des styles de musiques tels que : Ndombolo, Rumba, Motenguènè ou encore le Jazz.

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