Reportage Afrique

Éthiopie: les populations désemparées après des inondations dévastatrices [1/2]

Publié le :

Après la sécheresse, les inondations… Plusieurs pays de la corne de l’Afrique ont été frappés par le phénomène El Nino. Des pluies diluviennes s’y sont abattues à la suite d’une longue période de sécheresse. Le sol, très sec, n’absorbe plus l’eau, provoquant des inondations dévastatrices. En Éthiopie, plus de 1,5 million de personnes ont été affectées, 600 000 personnes ont été déplacées. Reportage.

Les pluies de mousson dans la Corne de l’Afrique sont déclenchées par le système météorologique El Niño (image d'illustration).
Les pluies de mousson dans la Corne de l’Afrique sont déclenchées par le système météorologique El Niño (image d'illustration). © Gideon Maundu / AP
Publicité

De notre envoyée spéciale dans la région Somali,

Vu du ciel, les dégâts sont impressionnants : plus de 90 000 hectares, des champs et des villages entiers, baignant dans une eau marron, qui a débordé des rivières et s’est engouffrée dans les vallées. Les populations se sont réfugiées où elles le pouvaient, dans des zones difficiles d’accès où seul l’hélicoptère peut se rendre, comme à Firfir, où Ester Muhammad s’est construit un abri précaire : « Je ne connais pas la situation de ma maison, la dernière fois que j’y étais, il y avait tellement d’eau que je ne pouvais rien voir et je ne sais pas si ça a été emporté. »

Après quatre ans de sécheresse, les réfugiés souffrent surtout de la faim : « Si on cuisine un jour, le jour d’après, nous n'avons plus à manger, nous demandons l’aide du gouvernement pour nous aider, car c’est une urgence. »

Les flots ont tout ravagé 

Seuls 30% des personnes affectées ont reçu une assistance dans le pays. Plus au sud, à Kelafo, l’eau s’est retirée. Les habitants, de la boue jusqu’aux genoux, ne peuvent que constater les dégâts. 

« Je plantais beaucoup de choses : du maïs, de la papaye, des bananes, beaucoup de nourriture, explique un sinistré. Mais il ne reste plus rien, juste des arbres vides. » Une femme raconte les destructions : « Certains objets ont été abîmés, d'autres ont été emportés... L'eau est montée jusqu'au cou, c'était tellement dangereux. »

Certains ont essayé de retenir les eaux jusqu’au bout. Comme cet homme, qui décrit les efforts collectifs déployés pour s'en sortir, en vain : « On utilisait des sacs de terre pour retenir l'eau, mais au bout de 20 jours, ce n'était plus possible de contrôler et ça a tout emporté. Beaucoup d’animaux sont morts, les poulets et tous les ustensiles, et quatre personnes âgées sont mortes, on a trouvé leurs corps dans l’eau. »

Appel à la communauté internationale 

En tout, les inondations ont fait une quarantaine de victimes dans la région. Le gouverneur de la zone, Adan Ahmed Soyan, va au contact des habitants. Les discussions sont houleuses, les victimes espèrent recevoir l’aide, qui tarde : « Il n'y a plus école, les établissements de santé ont été dévastés ou emportés, les systèmes d'irrigations détruits... Nous utilisons des hélicoptères et des bateaux pour rejoindre les habitants. Nos ressources ne sont pas suffisantes face aux besoins, mais nous essayons de sauver des vies. »

L’eau stagnante expose maintenant les habitants à de nombreuses maladies, comme le choléra, la malaria ou la dengue. Les Nations unies et le gouvernement éthiopien ont lancé un appel à la communauté internationale pour leur venir en aide. 

À lire aussiLa Corne de l'Afrique frappée par de violentes inondations

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes