Éthiopie: à Dollo Ado, les réfugiés somaliens dans la désolation après les inondations [2/2]
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Suite (et fin) de notre série de reportages dans le Sud-Est de l’Éthiopie, où les réfugiés somaliens qui fuient la guerre civile dans leur pays sont aussi affectés par le réchauffement climatique. Ils affrontent maintenant le phénomène El Niño. Des pluies diluviennes ont ravagé la zone à la suite d’une sécheresse qui durait depuis plusieurs années. Reportage à la frontière entre les deux pays, à Dollo Ado, où plus de 200 000 réfugiés somaliens subissent la double peine.

De notre envoyée spéciale dans la région Somali,
À Dollo Ado, autour d’une école réquisitionnée, les abris de fortunes, recouverts de bâches blanches et bleues siglées Nations unies, se multiplient… Ici, les réfugiés ont d’abord fui le conflit au Somaliland, il y a cinq mois, comme Amal Awil qui a fui pour sa vie avec quatre de ses enfants : « Le problème que nous avons maintenant, c’est que nous sommes touchés par les inondations. Nous avons tous quitté l’endroit où nous vivions. Nous n’avons rien, mais au moins, nous sommes dans un endroit sûr, où il y a la paix… »
Sahara aussi a fui dans la panique : « On voyait l’eau qui venait sous nos pieds, le sol était imbibé d’eau. On a tout laissé. Il y avait aussi des serpents, des crocodiles. Je vais vous dire la vérité, si on ne peut pas avoir une meilleure vie, autant mourir. On n’a même pas d’eau potable, comment voulez-vous qu’on survive ? »
Une pâte à partir de feuille pour unique repas
Sahara et Amal attendent d’être enregistrées pour avoir le statut officiel de réfugié et être relogées dans un des camps de Dollo Ado, comme Muhammud. Lui vit dans un camp depuis 12 ans. Au milieu des débris de sa maison, il raconte qu’il n’a jamais vu ça : « Il s’est mis à pleuvoir très fort, c’était incontrôlable et la maison s’est effondrée sur nous, ma femme et mes enfants. Des voisins sont venus nous secourir. »
Le déluge, après quatre ans de sécheresse. Les réfugiés souffrent surtout de la faim. En guise de repas, ils mangent une pâte faite à partir de feuilles cueillies sur des buissons. Comme cette mère de famille : « Je les cueille près de la rivière et je les vends. Le reste, je le cuisine pour mes enfants, C’est tout ce que j’ai. »
« L'eau n'est pas gérée »
Dans une région où 80% de la population dépend de l’importation de nourriture, les ONG tentent de trouver des solutions pour réduire la vulnérabilité au réchauffement climatique. Yohannes Zech – chef du sous-bureau de Melkadida, UNHCR Éthiopie (Agence des Nations Unies pour les réfugiés) résume ainsi la situation : « Le peu qu’ils pouvaient faire pousser pour nourrir leur famille a été emporté par les eaux. Nous pouvons essayer de leur apporter de l’aide humanitaire, mais surtout, ce que nous voyons comme solution est vraiment de leur permettre de faire partie de la solution. Comment exploiter le soleil ? Pour permettre à cette population d'avoir accès à une énergie propre, car l'énergie est indispensable pour assurer le développement et l'adaptation au climat. Comment pouvons-nous mieux exploiter l'eau ? Car actuellement, l'eau n'est pas gérée. »
Selon les Nations unies, seuls 35% des fonds nécessaires pour venir en aide à ces populations ont été versés pour l’année 2023.
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