Mozambique: À Palma, au Cabo Delgado, les habitants espèrent un retour à la normale [1/2]
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Dans le nord du Mozambique, dans la région du Cabo Delgado, l'armée rwandaise mène depuis plus de deux ans une opération conjointe avec les forces mozambicaines pour contrer l'insurrection des shebabs d'Ansar Al-Sunna, groupe jihadiste affilié à l'État islamique. Si l'insécurité persiste dans certaines zones de la région, le retour au calme dans la ville de Palma, lourdement attaquée par le groupe armé en mars 2021, a permis aux habitants de retrouver un quotidien plus apaisé.

De notre envoyée spéciale à Palma,
Devant l’échoppe d’un barbier, Sumail Efo attend son tour, entouré d’autres clients. Depuis son retour à Palma huit mois plus tôt, le pêcheur a vu revenir une grande partie de la population qui s'était réfugiée, comme lui, dans des camps de déplacés internes éloignés des zones de conflits. « Quand nous étions dans les camps, c’était très dur de s’habituer à ce type de vie, raconte-t-il. Nous avons préféré revenir et recommencer ici. »
Dans la rue principale de la ville de Palma, certains bâtiments détruits témoignent encore du passage des insurgés d’Ansar Al-Sunna en mars 2021. Après la reprise de la ville par les forces mozambicaines et rwandaises quelques mois plus tard, les habitants ont découvert, à leur retour, des maisons saccagées par les jihadistes.
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« L'important, c’est de s'assurer que cette stabilité est durable »
Un peu plus loin, dans le marché de la ville, Alidade Mandanda, vendeur de tissu, a dû tout repartir de rien. Plus de deux ans après l’attaque, le père de famille cherche encore certains de ses enfants, toujours portés disparus. « Aujourd’hui, la paix est rétablie. Mais le problème, c’est que nous n’avons pas encore pu retrouver certains membres de notre famille et que nous ne savons pas si cette tragédie ne pourrait pas recommencer. Dans ma famille, on était 15 personnes. Mais si vous venez chez moi aujourd’hui, nous ne sommes plus qu’entre cinq et sept personnes », témoigne le père de famille.
Le marchand n’ose toujours pas retourner dans ses champs, malgré le retour au calme dans le district de Palma. Plus de 800 000 personnes ont été déplacées par le conflit au Cabo Delgado depuis 2017. Si des attaques persistent dans le sud de la province, les Nations unies enregistrent désormais près de 540 000 habitants de retour dans leur ville d’origine.
« L'important, c’est de s'assurer que cette stabilité est durable, affirme le gouverneur de la région, Valige Tauobo. Nous, les civils, nous avons l’impression que tout va bien maintenant. Mais d’autres, qui ont des projets ici, ont besoin de plus. Il n'y a pas que la sécurité qui est importante, il y a beaucoup de choses à reconstruire aussi ! Mais les choses avancent et nous pensons que les projets vont recommencer. »
Parmi les activités économiques toujours suspendues depuis 2021, le mégaprojet gazier du groupe TotalEnergies dans la péninsule d’Afungi, à quelques kilomètres de la ville.
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