Madagascar: plongée dans la «Piscine» pour intégrer l’École 42 Antananarivo
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C’est une immersion dans une « Piscine » un peu particulière, celle de l’École 42, une école d’informatique, une école de la vie 100% gratuite qui accueille les élèves sans condition de diplôme ni limite d’âge. Suite à des tests en ligne, 600 candidats malgaches de 14 à 40 ans ont été sélectionnés pour plonger dans la fameuse piscine. Une épreuve éliminatoire de quatre semaines de travaux acharnés pour accéder à l’École 42 Tana et la garantie d’un travail après la formation.

De notre correspondante à Antananarivo,
L’ambiance est feutrée. Il est minuit et ils sont encore une quarantaine de « piscineux », concentrés sur leur écran, à remplir des lignes de codes. Autour d’eux, des fresques colorées, des canapés, une salle de jeux. Le lieu se veut accueillant pour leur permettre de se surpasser. « Les piscines mettent les candidats à rude épreuve parce qu’ils doivent se donner à 300%. C’est très difficile à vivre, mais en même temps, c’est magique, on s’en souvient toute sa vie ! » Et pour cause, Yann San Sebastian, le directeur pédagogique de 42 Tana, est lui-même passé sur les bancs de 42 à Paris.
Ce rythme intense a déjà poussé à l’abandon un quart des sélectionnés. Mickael, 19 ans, s’accroche. L’ex-étudiant en licence d’anglais découvre des notions et manipule des langages de programmation qui lui étaient encore totalement inconnus, il y a deux semaines. « Je viens ici toutes les deux nuits pour essayer d’avancer un peu plus et rattraper des cours que je n’ai pas pu recevoir. Quand je dis rattraper les cours, ça veut dire faire beaucoup de recherche et demander à beaucoup de gens ce que je dois faire. »
Parce qu’ici, il n’y a pas de professeurs. Pas d’horaire, non plus. La pédagogie est basée sur le concept du « peer learning », (« l’apprentissage par ses pairs »). « C’est très déboussolant au début, mais je trouve que c’est le meilleur système vu que l’on passe plus de temps à la pratique qu’à la théorie et j’apprends beaucoup plus de trucs de mes camarades. », ajoute Mickael.
Un apprentissage intensif
Dès qu’ils réussissent un projet, un autre se débloque automatiquement et leur est soumis. Comme dans les jeux vidéo : « J’ai été complètement larguée au début et maintenant ça va. » Malala 20 ans, était pilote de drone. Elle a tout plaqué pour s’initier au code. « J’ai beaucoup évolué, même question relationnelle. Jamais je n’aurais pensé parler avec d’autres gens, ni même leur partager mes erreurs et tout ça. Jamais je n’aurais pensé faire ça. J’ai mis toute ma vie en parenthèse juste pour réussir cette piscine et j’espère vraiment être prise. C’est mon avenir qui se dessine actuellement. »
« Ce que les sociétés cherchent, c’est d’avoir des développeurs qui soient capables de rechercher des infos par eux-mêmes. Car aujourd’hui les technologies évoluent très rapidement et c’est ce qu’ils apprennent ici. Ils sont très friands des étudiants qui sortent de 42 », précise le directeur pédagogique. Le Réseau 42 est reconnu internationalement pour ses formations intensives en programmation, administration système, intelligence artificielle, ou encore cybersécurité. Il compte désormais 54 écoles de par le monde. Madagascar est le deuxième pays africain à adhérer à ce réseau mondial.
Malala, Mickael et les autres sauront la semaine prochaine s’ils ont triomphé face à la piscine. Les candidats sélectionnés intègreront la toute première promotion de 42Tana dès février.
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