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RDC: les dangers de la traversée du fleuve Congo par pirogue à Kisangani

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Dans le nord-est de la RDC, à Kisangani, plus de 20 000 personnes traversent chaque jour le fleuve Congo sur des pirogues. Une traversée de 800 mètres de distance qui ne manque pas de dangers : elle s’effectue à moins de cinq kilomètres des célèbres chutes Wagenia, ce qui peut entraîner des naufrages à cause du fort courant. Une autre raison explique ce danger : la surcharge des pirogues, qui a amené à la limitation du nombre de passagers à 15. Même si le nombre d'accidents a sensiblement diminué grâce à cette mesure initiée par l’Association des navigateurs fluviaux de Kisangani, la population continue d'espérer la construction d’un pont pour rendre moins dangereuse la traversée du fleuve Congo.

En RDC, à Kisangani, plus de 20 000 personnes traversent chaque jour le fleuve Congo sur des pirogues. Une traversée dangereuse qui a amené à la limitation du nombre de passagers à 15 personnes par pirogue.
En RDC, à Kisangani, plus de 20 000 personnes traversent chaque jour le fleuve Congo sur des pirogues. Une traversée dangereuse qui a amené à la limitation du nombre de passagers à 15 personnes par pirogue. © Joseph Kahongo / RFI
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De notre correspondant à Kisangani,

À côté du vieux port de Kisangani, sur la rive droite du fleuve Congo, les pirogues remplies de passagers accostent ou s’éloignent du rivage à tour de rôle. À l'appel d'un conducteur de pirogues, 15 passagers se précipitent vers un engin construit par un assemblage de troncs d’arbres et équipé d’un moteur. La pirogue tangue à la montée, il faut s’accrocher au bord pour ne pas finir dans le fleuve. Après trois essais infructueux, le moteur démarre enfin. La traversée commence.

« La traversée n’est plus si dangereuse avec 15 personnes à bord qui paient 1 000 francs chacun ; c'était plus dangereux avant, quand on prenait 30 personnes à 500 francs chacun », tient à rassurer le conducteur de la pirogue, le gouvernail bien en main. 

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Malgré les risques, les passagers n'ont souvent pas le choix d'effectuer ce trajet de dix minutes. Des traversées bien souvent quotidiennes. « Je vais rive gauche pour écouler mes marchandises, ce sont des habits d'élèves, témoigne Pélagie, une commerçante. J’habite rive droite ; la traversée sur le fleuve est dangereuse, il y a beaucoup de risques, mais on n’a pas de choix. » Et ce trajet, elle le fait chaque jour, comme Willy Baraka, étudiant. « On a surtout peur de ce grand fleuve. Il arrive parfois que le moteur s’arrête au milieu du fleuve. Les pirogues ne sont pas rassurantes, confie-t-il, alors je vais demander au gouvernement de construire un pont, de mettre en place des mécanismes pour assurer la sécurité de la population, de mettre de vrais moyens de transport, comme de vraies pirogues. »

En attendant la construction d'un pont, le nombre de passagers limité à 15 personnes

L'association des conducteurs de pirogues tente de faire respecter la mesure limitant le nombre des passagers à quinze personnes, afin de réduire le nombre d'accidents. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, les piroguiers ne sont pas nécessairement contre la construction d'un pont, même si cela pourrait réduire le trafic des pirogues. « Le pont, c’est une urbanisation, nous n’avons pas de problèmes avec ça. Dès lors que ça va relier les deux bords du fleuve, pourquoi refuser ?, argumente Feli Lokato, un des responsables de l'association des conducteurs de pirogue. On ne va pas rester dans l’ancien système pour toujours. Peut-être que ça va urbaniser la commune de Lubunga, qui est aujourd’hui qualifiée d'urbano-rurale. »

En attendant, les pirogues de fortune continueront à aider les habitants de Kisangani à relier les deux rives du fleuve Congo. 

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