Dans le Grand Sud malgache, l'arrivée de l'électricité transforme la vie nocturne d'un village [1/3]
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Depuis l'arrivée de l'électricité solaire en 2021, le village de Mangily, dans le sud-ouest de Madagascar, s'est transformé. L'éclairage public a renforcé la sécurité, tandis que l'accès à l'électricité a stimulé une économie nocturne florissante, portée par bars, karaokés et concerts. Devenu une destination prisée des touristes, Mangily illustre le potentiel de l'énergie solaire dans une région encore en quête de reconnaissance.

De notre correspondante à Mangily,
Dès la tombée de la nuit, Mangily s'anime. La musique s'échappe des bars de quartier, tandis que des néons clignotants roses et verts jalonnent sur plusieurs kilomètres la route nationale 9, véritable cœur de l'activité nocturne du village.
Accoudé au comptoir, Frédéric savoure une THB fraîche, la bière emblématique de Madagascar. Il se remémore des vendredis soir bien différents : « Sans électricité, c'était une ville morte et ennuyeuse. Maintenant, les rues sont éclairées, il y a des boissons toujours fraîches, et les jeunes du coin ont des lieux pour venir danser tous les jours ! »
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Des nuits allongées grâce à l'électricité
À Mangily, la vie ne s'arrête jamais, même en basse saison touristique. Un groupe d'habitués franchit les portes du Pata Pata, une scène de concerts devenue incontournable dans le sud-ouest de l'île.
« À chaque fois qu'on avait des concerts, avant, ça coupait en plein milieu de l'ambiance. Et maintenant, c'est nous-mêmes qui coupons. Ça dure jusqu'au petit matin ». L'arrivée de l'électricité a transformé les nuits du village. Francis Randriambolona, gérant du Pata Pata, a enfin pu investir dans une sonorisation performante, bien trop gourmande en énergie pour les groupes électrogènes autrefois indispensables. « Il y a quelques artistes qui viennent de loin et qui ont un peu plus de matériel musical. Ils exigent de l'énergie. Depuis l'arrivée de l'électricité, il y a beaucoup de gens qui ont envie de venir, surtout des artistes des hauts plateaux : par exemple les chanteurs Radjery ou Dama, qui sont tous des gens connus à Madagascar et au Pata Pata. Alors, vous n'imaginez pas notre bonheur ! »
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Un tourisme encore en quête de dynamisme
Mais pour tirer pleinement parti de cette avancée, la région doit encore exploiter son potentiel. Odilon Ranaivoson, président du conseil d'administration de l'office de tourisme de l'Atsimo-Andrefana, insiste sur la nécessité d'attirer davantage d'investisseurs :
« L'électricité ne fait pas tout. On est à la traîne, on est comme les oubliés du tourisme à Madagascar. Aujourd'hui, il faut que la région devienne beaucoup plus attractive. À notre charge de faire venir les investisseurs et de dire ''Vous avez des délestages là-bas ? Nous, on n'en a pas ici''. »
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