Reportage Afrique

Centrafrique: à Berberati, des initiatives communautaires pour pallier aux routes impraticables [2/3]

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Dans cette ville située au sud-ouest de la République centrafricaine, les plaintes fusent de toutes parts. Les usagers se disent dépassés, car les principales artères de la ville et de ses environs sont dans un piteux état. Cette situation rend la circulation particulièrement difficile et les activités socio-économiques tournent en ralenti. C'est dans ce contexte que certains habitants de la ville, notamment des jeunes, ont mis en place des initiatives communautaires pour reconstruire certaines routes.

Les routes de la ville de Berberati en Centrafrique sont parfois impraticables.
Les routes de la ville de Berberati en Centrafrique sont parfois impraticables. © RFI / Rolf Steve Domia-Leu
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Au volant de sa voiture, Albert affronte la voie impraticable qui traverse le quartier de Djambala de la ville de Berberati, en Centrafrique. Pendant cette saison des pluies, le ravin s'est agrandi et la mobilité est pénible. Pris au piège dans une mare, Albert, 36 ans, joue avec son volant pour éviter de tomber dans le ravin. « La route est impraticable en raison de l'érosion, des nids-de-poule et du manque d'entretien. Je suis en train de m'embourber, il va falloir faire demi-tour. À chaque saison des pluies, les trous et les ravins se développent. C'est la souffrance », lâche-t-il.

Le taxi-brousse de Mahamat, lui, est en route pour Kentzou, ville frontalière avec le Cameroun. Mais un camion s'est renversé dans le ravin, bloquant la circulation depuis quelques minutes, alors que les badauds tentent de faire sortir les rescapés. « C'est un casse-tête de circuler dans cette ville. Je demande au gouvernement de nous réhabiliter cette route. Il faudra plusieurs jours pour retirer le grumier qui s'est renversé. Nos activités sont bloquées à cause de ce passage pourri », raconte Mahamat, qui craint également pour son sort.

Dans ce calvaire, des jeunes volontaires de la ville essayent de débloquer la situation. On les retrouve dans certains quartiers de Berberati armés de pelles, de pioches et de brouettes. Ici, au quartier de Djifolo, une dizaine de jeunes sont en activité. Ils n'ont pas de gants, de casques ou de bottes. Jean déchiré, t-shirt noir démembré, Gabriel veut changer les choses. « La route n'a pas été réhabilitée depuis plusieurs décennies. Nous avons jugé utile de boucher certains trous avec des latérites pour alléger la souffrance des usagers », explique-t-il.

À moto, à vélo, derrière un volant ou à pied, les 100 000 habitants de Berberati vivent le calvaire. Plusieurs quartiers sont coupés les uns des autres selon Yalice, membre de l'équipe : « À certains endroits, nous remplissons le sable dans des sacs que nous mettons dans les ravins pour empêcher sa progression. Certaines personnes de bonne volonté nous donnent des cadeaux pour nous encourager. Mais on oblige personne. C'est un acte volontaire. »

L'axe Berberati-Kentzou est l'une des voies de ravitaillement de la Centrafrique depuis le Cameroun. Selon une source à la direction des travaux publics de la ville, des études sont en cours afin de lancer les travaux de réhabilitation de ces routes dans les prochains mois.

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