«Reverdir le Sahara», une bande dessinée de Gilles Scherlé
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Il n’y a pas si longtemps, 5 000 ans à peine, le Sahara était vert... Et il pourrait le redevenir. Il y a ce projet de Grande muraille verte, menée sous l’égide de l’Union africaine, qui irait du Sénégal à Djibouti en passant par les régions du Sahel. C’est l'une des initiatives qui y contribue que raconte une bande dessinée : Reverdir le Sahara. Paru aux éditions Favre, l’album raconte une mission au nord du Burkina Faso.

« Deserto Verte » – traduit par désert vert – est l'intitulé d'une mission dans des villages du nord du Burkina Faso financée par une ONG italienne. La bande dessinée suit le parcours d'une jeune femme volontaire, Toborè, qui va découvrir ce projet en rendant visite à ses oncles et tantes à Gagara, au nord-est de Gorom-Gorom. Elle recherche son frère disparu, mais au passage va rencontrer un couple de retraités suisses et un ingénieur agronome.
Le dessinateur Gilles Scherlé mêle personnages fictifs, comme Toborè, et personnes réelles. « Cette bande dessinée est un documentaire en fait, explique l'auteur. Lindo et Verana Grandi, un forestier et une enseignante, sont tous les deux retraités. Ils sont allés là-bas entre 2002 et 2015. Ils ont fait une quinzaine de voyages au Burkina. Je les ai rencontrés, on a beaucoup discuté. Ils m'ont montré des photos, des films, etc. Je me suis bien documenté sur le sujet. »
Le graphiste suisse met son dessin très doux, aux couleurs pastels, au service d’un récit didactique sur la façon de reverdir 3 500 hectares de terrain désertique. Il montre l’utilisation d’un système de charrues permettant de labourer les terres en profondeur. Ensuite, il suffit de traîner du côté de l’enclos des chèvres. « Les chèvres montent dans les arbres, notamment les acacias. Elles mangent les graines et les fruits des acacias. On retrouve ces graines qui n'ont pas été digérées dans leurs crottes que l'on peut ensuite semer » raconte le dessinateur. Ces graines peuvent ensuite prospérer et quelques années plus tard, les villageois pourront se promener dans une forêt.
Il y a 5 000 ans, cette région était fertile comme le prouvent des gravures rupestres retrouvées près de Markoye. Des gravures que Gilles Scherlé reproduit, même s'il n'a pas pu se rendre sur place en raison de la situation sécuritaire. « C'est très compliqué de se rendre dans cette région du Sahel. J'aurais bien aimé, j'espère peut-être y aller un jour mais c'est vraiment trop dangereux. Je crois que les villages dont on parle dans la bande dessinée, pour certains, ont du être évacués. Les gens ont dû se réfugier dans des villes plus au sud. Même l'armée régulière n'accède plus à ces régions donc on a pas vraiment d'informations. À priori les arbres continuent à pousser, il n'y a pas de raison », selon Gilles Scherlé.
La bande dessinée fait suite à l'ouvrage de Jean-Edouard Buchter, Reverdir le Sahara, du nom aussi d'une plateforme sur internet qui promeut la refertilisation du désert partout où elle est envisageable.
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