«Le Radeau de la Méduse» de Géricault, un naufrage emblématique à la portée universelle
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Peint par Théodore Géricault en 1818, Le Radeau de la Méduse est une scène de naufrage devenue une métaphore du désastre.

Voir en vrai Le Radeau de la Méduse est un choc, d’abord parce que cette huile sur toile signée du peintre Théodore Géricault est immense : 5m de haut sur 7 m de large. C’est l’un des plus grands tableaux présentés dans les Salles Rouges du Musée du Louvre. Il invite quasiment le visiteur à monter à bord.
Côme Fabre est conservateur, spécialiste des peintures françaises du XIXe siècle au Louvre. Il décrit l'œuvre : « On a au premier plan les planches qui forment ce radeau posé sur l’eau. Et dessus on a un amoncellement de personnages avec, au premier plan, beaucoup de cadavres, de jeunes gens morts noyés ou tués par la faim, par la maladie », dit-il. Puis il ajoute « Petit à petit, en montant le regard, on voit des vivants qui eux essaient dans un dernier sursaut de survie d’attirer l’attention d’un bateau dont on aperçoit la voile tout au fond sur l’horizon. Les survivants, les naufragés, forment une pyramide tout en haut de laquelle se trouve un homme à la peau noire qui secoue un chiffon rouge en tentant désespérément d’obtenir l’attention des sauveteurs. »
Un fait divers et un scandale politique
Le Radeau de la Méduse est une scène qui s’inspire d’un épisode tragique et réel de l’histoire de la marine coloniale française. Le naufrage de la frégate Méduse chargé d’acheminer du matériel et des hommes dans ce qui allait devenir la colonie du Sénégal.
Un fait divers et un scandale politique qui marquent l’opinion de l’époque, car ce naufrage est dû à l’incompétence du capitaine issu de la noblesse et nommé par favoritisme par la royauté récemment restaurée en France.
Géricault s’en empare dans un style qui n’échappe pas aux conventions de son temps. « Géricault travaille beaucoup en clair obscur et il s’inspire sans doute pour cela d’un peintre qui a vécu deux siècles avant lui qui est Caravage, dont il a pu voir des œuvres en Italie », explique-t-il avant d'ajouter : « Mais il est certain qu’il ne montre pas réellement ce qu’était l’aspect de ses hommes à l’issue des 14 jours de dérives. C’était des corps extrêmement amaigris, la peau totalement brûlée par le soleil et rongée par le sel. Là, ce que montre Géricault ce sont des corps héroïsés qui font référence à une beauté antique parce qu’il s’agit aussi de montrer l’héroïsme de ses hommes. »
Portée universelle
Et si Le Radeau de la Méduse nous touche autant aujourd’hui qu’hier, c'est parce que sa portée est universelle. « Ce tableau a pu entrer en résonance avec le sort des migrants qui traversent la Méditerranée actuellement. On a aussi des récupérations de ce tableau pour sensibiliser aux problèmes du changement climatique et des désastres peut-être à prévoir dans des cataclysmes qui mettront, disons, le bien être collectif de l’humanité à mal », analyse Côme Fabre.
Théodore Géricault a 26 ans lorsqu’il s’attelle au Radeau de la Méduse. Favorable à l’abolition de l’esclavage, il peint aussi le courage et la solidarité des 15 survivants blancs et noirs mêlés.
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