«Des cheveux et des poils»: l'exposition qui déroule notre histoire capillaire
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Direction le musée des Arts décoratifs à Paris pour cette exposition au titre étonnant : « Des cheveux et des poils ». Il s'agit d'une histoire de la coiffure, mais aussi des questions liées à la pilosité, en Occident du XVe siècle à nos jours. L'occasion de découvrir comment les usages et les modes ont évolué.
Avoir les cheveux longs, courts, une barbe ou porter une perruque : la signification de l'arrangement des cheveux, mais aussi des poils a évolué en parallèle des standards de beauté.
Au même titre que les vêtements, la coiffure est un phénomène de mode. Comme celle des cheveux longs inspirée par le groupe des rockeurs dans les années 1960. C'est ce qu'a voulu démontrer le commissaire de l'exposition, Denis Bruna. Après avoir exploré les vêtements et les chaussures par le passé, l'historien souhaitait aller encore plus loin : « Faire une exposition, toujours sur la mode ou sur la construction des apparences, mais sans exposer de vêtements. Et en partant du principe que ce sont des matériaux corporels, et pour les cheveux, qui sont incroyablement convertibles ; on peut le laisser pousser, le couper, le cacher etc. Et ça, on s'en est aperçu depuis des millénaires ! »
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Provoquer la surprise
Des sources, qui remontent à l'Antiquité, permettent d'étudier la façon dont les cheveux étaient travaillés et agencés. Ce qui rend possible une histoire de la coiffure. Mais également, une histoire de la pilosité. Denis Bruna rappelle qu'en la matière, chaque époque sa convention : « Vous savez, en 1950 et 1990, il n'y avait qu'un seul barbier à Paris. Aujourd'hui, il y en a près de 200. Regardez l'importance de l'épilation pour les jeunes hommes, aujourd'hui. Si, au XVIe siècle, un homme n'avait pas de barbe, c'était considéré comme un homme qui n'avait pas d'éducation. Tous les intellectuels au XVIe siècle avaient une barbe ! »
On constate ces changements au travers des plus de 600 œuvres exposées, parmi lesquelles le célèbre tableau de Gustave Courbet, L'Origine du monde, qui montre en gros plan, le sexe d'une femme allongée nue sur un lit. Des peintures, sculptures, des objets, des vidéos, et de vraies perruques sont rassemblées pour cette histoire des cheveux et des poils. « On a voulu faire un titre très, très court : "Des cheveux et des poils". Pour provoquer la surprise, l'interrogation de la part des visiteurs », explique le commissaire de l'exposition.
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Aujourd'hui, une marque de contestation
Et côté public, alors ? « Surpris et attiré », avoue un visiteur, qui reconnaît que « le terme de poil comme ça, dans une expo, n'est pas employé. Ça me surprend, mais c'est bien, c'est bien d'être surpris. » Mission accomplie à en croire la réaction de ces spectateurs, comme cette femme qui y voit une rétrospective aux accents féministes : « C'est très intéressant, le cheveu chez la femme. La manière dont elle doit cacher ses cheveux quand elle est jeune. Après, dès que ses cheveux sont blancs, il faut aussi les cacher, parce qu'elle n'est plus opérationnelle. »
D'autres comparent les époques. « On en a toujours eu, donc on a essayé de les cacher, de les mettre en valeur. Donc, ça dépendant des époques... Je suis bien content de vivre à cette époque-ci. Vous voyez, moi, je n'ai pas beaucoup de cheveux, donc je les rase et puis voilà, quoi ! » Des siècles anciens à nos jours, justement : l'exposition s'achève par un hommage aux femmes iraniennes. Cette mèche de cheveux coupée traditionnellement, symbole de deuil dans certaines régions d'Iran, devenu aujourd'hui une marque de contestation pour la liberté.
« Des cheveux et des poils », jusqu'au 17 septembre au Musée des Arts décoratifs, à Paris.
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