Le festival international Nuits d'Afrique de Montréal a rassemblé des artistes de l'ensemble du continent
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La 39e édition du Festival international Nuits d'Afrique se termine ce dimanche 20 juillet à Montréal. Treize jours de concerts ont rassemblé près de 700 artistes africains, d'Amérique latine et des Antilles. Des sonorités traditionnelles aux fêtes technos en passant par des cours de danse ouverts à tous, la richesse culturelle de cet événement a transporté le public en voyage tout autour du monde.

De notre envoyée spéciale à Montréal,
Rumba congolaise, maloya réunionnais, trap syrienne, rythmes berbères, amazighs, yorubas ou vaudous : en un mot, les Nuits d'Afrique rassemblent. Dans le quartier des spectacles, l'Esplanade Tranquille porte très mal son nom cette semaine. Les concerts s'enchaînent dans une immersion sonore totale et ininterrompue. Chaque artiste profite de son temps sur scène pour mettre en lumière son pays et sa culture.
« Le kamele ngoni, c'est un instrument purement africain. C'est un instrument qui a créé à Wassoulou, une ville peule au Mali. À travers cet instrument, je peux parler de la paix, de la cohésion sociale, du vivre ensemble. C'est très important pour moi parce qu'il faut promouvoir ta culture, ta langue. Moi, je chante en langue peule d'abord, et puis je chante en langue bambara. Je suis très content de pouvoir le faire », raconte le maître du kamele ngoni, Dicko Fils.
Si la traditionnalité est partout, elle est loin de rester bloquée dans le passé. La Malienne Djely Tapa est devenue griotte pour la diaspora africaine à Montréal. Mais une griotte bien ancrée dans son époque, ayant ajouté de l'électro à sa musique mandingue. « L'afrofuturisme, pour moi, c'est d'amener nos instruments, qui sont des instruments d'héritage, de les amener dans des sonorités futuristes. Parce que quand on parle de nos instruments, on va les qualifier d'instruments traditionnels. Mais le violon aussi est un instrument traditionnel, mais il est utilisé dans la musique contemporaine. Et on ne l'appellerait pas un ''instrument traditionnel''. Donc, pourquoi ma kora serait un instrument traditionnel ? Elle peut être aussi contemporaine, non ? », interroge l'artiste.
Ici, les revendications fusent de toutes parts, portées par des artistes engagés pour la justice et la paix. Le Nigérian Fémi Kuti porte un afro-beat politique par essence : « Je suis profondément convaincu que l'Afrique devrait être le meilleur des continents, un modèle qui ferait l'admiration du monde entier. Si ses dirigeants étaient vraiment engagés, s'ils aimaient leur peuple, l'Afrique serait aujourd'hui un continent épanoui, rempli de joie, vous voyez ? Et pourtant, à chaque fois que j'y retourne ou que je lis les nouvelles, j'en ai vraiment le cœur brisé. Je n'ai pas de baguette magique pour changer les choses, et je ne peux pas forcer les autres à croire en mes idées, sinon je passerais pour un dictateur. Alors, peut-être que finalement, la vie consiste surtout à se développer soi-même. Car nous allons tous mourir un jour. Et s'il y a une vie après la mort, alors c'est à ce moment que nous devrons répondre de nos pensées et de nos actes. »
Aux Nuits d'Afrique, la musique est plus que jamais un moyen de transmettre, d'ouvrir les esprits et de résister, dans la joie et le partage.
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