Nouvelle-Calédonie: troisième et dernier référendum d'autodétermination

Les Calédoniens sont appelés aux urnes, dimanche. Ce sera le troisième et dernier référendum d’autodétermination prévu par l’accord de Nouméa, signé en 1998. Un scrutin qui se fera sans les indépendantistes, qui ont décidé de ne pas participer à ce vote dont ils avaient demandé le report, pour cause de coronavirus. Le tout sur fond de dissensions internes. Alors, 37 ans après et pour la première fois, des militants se sont retrouvés là où Jean-Marie Tjibaou avait fédéré les indépendantistes en levant pour la première fois le drapeau du FLNKS.

En Nouvelle-Calédonie, les électeurs sont appelés à voter pour ou contre l'indépendance, ce dimanche 12 décembre. THEO ROUBY / AFP

De notre correspondante à Nouméa,

C’est un lieu chargé d’histoire, invisible à ceux qui la méconnaissent, un simple mât dressé entre un bois de fer et un pied de letchi. Mais ici à Tchaity au cœur de la tribu de la Conception, il y a tout juste 37 ans, Jean-Marie Tjibaou levait pour la première fois le drapeau kanak. Nous sommes en 1984, en plein boycott actif des élections territoriales.

Un temps qui semble bien lointain à Freddy, militant de la première heure.

« On avait surtout fait quitter des élus. C’était vraiment un gouvernement qui n’avait plus rien à voir avec l’État français. Si on était 37 ans en arrière avec les structures qu’on avait à l’époque, je pense que ça ne se serait pas passé comme ça aujourd’hui. Il y a une démobilisation par la faute de nos élus, il faut le dire. Moi, ce que je reproche aux élus du FLN en général, c’est d’être dans des fauteuils et ne plus être en contact avec la base. »

Les années, les responsabilités, les accords et les référendums successifs ont usé les leaders indépendantistes. Entre les principales composantes du FLNKS, l’UNI-Palika et l’Union calédonienne, le mariage est de raison depuis bien longtemps, les bisbilles permanentes.

Quant au refus commun de participer au scrutin du 12 décembre, il ne fait pas non plus l’unanimité, cette fois chez les militants.

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Mais en cette journée de commémoration, Yvette Danguigny, femme de toutes les luttes, indépendantistes et féministes, estime que le Front est en train de retrouver le chemin de l’unité.

« Il faut qu’on retrouve le chemin avant cette date du 12, nous le peuple kanak, on a besoin de se ressourcer, de se retrouver, parce qu’on s’est peut-être perdus, parce qu’on s’est peut-être disputés sur la route. On doit retourner chercher à la source, chercher dans notre histoire ce qui s’est passé pour pouvoir avoir de l’énergie, de la force pour mieux avancer », pense-t-elle. 

C’est finalement sur les fondamentaux que la famille indépendantiste se retrouve. Une famille en quête de reconnaissance, tout en étant liée à ceux que l’on appelle ici les victimes de l’histoire, descendants de colons et de déportés, rejetés par la France au même titre que les colonisés.

C’est aussi à eux que Marcel Qeneigeie pense lorsqu’il danse avec sa troupe Wetr Creation, une danse en l’honneur du drapeau kanak, qui fait écho à l’actualité immédiate. 

« La déesse qu’on va chercher, c’est le vivre-ensemble. On vit ensemble déjà depuis l’école. Il y a aussi les valeurs culturelles qu’on essaie d’enseigner aux gens qu’on a accueillis. Il ne faut pas se le cacher, ici, c’est le pays des Kanaks, comme la France est le pays des Français, comme l’Allemagne est le pays des Allemands. La seule chose qu’on recherche, c’est qu’on soit reconnus, que notre culture soit reconnue », s’exclame-t-il.

Le référendum du 12 décembre prochain se jouera sans la moitié de la population intéressée, mais depuis quelques jours, le drapeau kanak flotte à nouveau dans le ciel de La Conception, rappelant aux militants cette phrase de Jean-Marie Tjibaou : « Tant qu’il y aura un Kanak sur terre, il demandera l’indépendance. »