Reportage France

Ecocéan, l’entreprise montpelliéraine qui restaure la biodiversité dans les ports français

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Réparer ce que l’homme a détruit, au moins en partie, c’est le pari que s’est lancé l’entreprise montpelliéraine Ecocéan. Son terrain d'action : les ports. Grâce à plusieurs procédés innovants, Ecocéan s'emploie, depuis une dizaine d'années, à repeupler en poissons et à restaurer la biodiversité de ces zones bétonnées. Depuis 2015, elle a relâché plus de 17 000 poissons en mer Méditerranée. Marine de La Moissonnière a visité la ferme à poissons que cette entreprise a installée dans le port de Marseille.

Un plongeur d'Ecocean vérifie une cage installée en mai 2019 pour surveiller les flux migratoires des poissons.
Un plongeur d'Ecocean vérifie une cage installée en mai 2019 pour surveiller les flux migratoires des poissons. © AFP / BORIS HORVAT
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« Vous avez juste un petit pédiluve, c'est une première barrière sanitaire et on passe dessus pour se désinfecter. »

Pas question de prendre le moindre risque pour le millier de bébés poissons qui grandissent dans ces bacs installés dans ce container sur le grand port maritime de Marseille. Pêchés à l'état de larves à quelques mètres de là, en mer Méditerranée où leurs chances de survie sont presque nulles – en raison notamment de la pollution, des changements climatiques et de la disparition de leur habitat naturel – ces poissons vont passer environ 6 mois ici. Le temps de devenir plus grands et plus forts, comme l'explique Damien Einsargueix, responsable des fermes à poissons d'Ecocéan.

« Soit on fait des pâtés maisons, soit on achète aussi un granulé. Et à côté, on a aussi des proies vivantes pour pouvoir stimuler les animaux à l'instinct de chasse. On a des heures de nourrissage qui sont différentes tous les jours. Et après, on a volontairement des couvercles qui sont opacifiants pour éviter, quand on passe près des bassins, que les animaux s'intéressent à l'homme. Ce qui nous intéresse, c'est presque que les animaux aient peur quand on soulève le couvercle. Parce que dans la nature, c'est avec un comportement comme ça qu'ils vont être à l'abri des prédateurs. »

« Là, vous avez des animaux qui sont beaucoup plus gros, entre 7 à 10 cm facilement. Donc, plus que quelques semaines avant de regagner la grande bleue. »

Recréer un habitat naturel

Autre manière de protéger les jeunes poissons : leur installer des refuges dans les ports. Sabrina Palmiéri, responsable du marketing chez Ecocéan : « Ce qui est suspendu aux pontons, ce sont des cages en acier qui sont remplies de coquilles d'huîtres qui permettent aux poissons de trouver le gîte et le couvert, tout simplement ».

Ces cages servent de nurseries aux jeunes poissons. Accrochées à des rochers, aux pontons, aux quais ou aux chaînes de mouillage, ces oasis de biodiversité remplacent leur habitat naturel.

« Les ports font de gros efforts pour avoir une qualité d'eau de baignade, donc les poissons ne se rendent pas forcément compte qu'il y a de la pollution. Ils sont souvent attirés par l'activité, parce qu'ils se disent que s'il y a du bruit, il y a peut-être quelque chose à manger, à faire, à chasser. Donc, ils rentrent dans un port aussi bien que dans une zone naturelle et ils se retrouvent pris au piège parce qu'il y a des prédateurs. Ils ne peuvent pas se réfugier ou se cacher, parce qu'ils se retrouvent dans un endroit où l'habitat naturel a disparu. »

La conservation comme mot d'ordre

Alors même si on peut corriger les erreurs de l'homme et aider les poissons lors de stades critiques de leur développement, ce n'est pas pour autant que tout est permis, met en garde Philippe Lenfant, professeur d'écologie marine à l'université de Perpignan.

« Plus on dégrade, plus c'est difficile de retrouver des fonctionnalités et plus ça coûte cher. Donc, l'idée, c'est de dégrader le moins possible, c'est la non-destruction et la conservation. Là où on a déjà impacté, essayons d'aider la nature et l'écosystème à repartir. »

Et pour que les effets soient significatifs, insiste Philippe Lenfant, il faut que dans une même région, plusieurs ports se lancent dans la restauration écologique.

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