Reportage France

Un code de conduite pour les influenceurs

Publié le :

Le ministère de l'Économie organise depuis janvier des groupes de travail pour encadrer les pratiques commerciales abusives sur les réseaux sociaux. Une consultation publique en ligne est également ouverte à qui souhaite donner son avis sur la question. La profession y voit l'opportunité de s'affranchir de certains créateurs de contenus peu scrupuleux, voire dangereux.

Une photo d'illustration prise le 22 mars 2018 à Paris montre un gros plan du logo d'Instagram dans l'œil d'une collaboratrice de l'AFP.
Une photo d'illustration prise le 22 mars 2018 à Paris montre un gros plan du logo d'Instagram dans l'œil d'une collaboratrice de l'AFP. AFP - CHRISTOPHE SIMON
Publicité

La plateforme spécialisée Reech, les a comptés : en France, on dénombre 150 000 influenceurs. Parmi eux, 500 sont issus de la téléréalité et 50 vivent à Dubaï, vitrine luxueuse, mais trompe-l'œil de ce milieu. Mais c’est la partie émergée de l’iceberg. Celle dont la majorité des créateurs de contenus et leurs agents veulent se dissocier.

À la mi-janvier, ils se regroupent en union professionnelle, sous la présidence de Carine Fernandez. « Nous aussi, on a en a marre des influ-voleurs et de l’amalgame qui est fait, déplore-t-elle. Souvent, les erreurs sont purement dues à des manques d’informations ou à des créateurs qui peuvent parfois se retrouver suivis du jour au lendemain, sans avoir trop connaissance des règles qui doivent être respectées. Et on veut juste contribuer à leur donner accès aux règles et faire en sorte qu’elles soient respectées pour collaborer avec les marques. » 

Pour cela, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité a élaboré un certificat d’influence responsable. Une formation au cadre légal et déontologique, sanctionnée par un examen et qui peut être retiré en cas de manquement. Trois cent soixante-dix influenceurs sont aujourd'hui certifiés et les demandes d’inscription sont croissantes. Signe, pour Mohammed Mansouri, directeur délégué de cette autorité, qu’ils souhaitent être le plus transparents possible et connaître des détails juridiques qui ont leur importance. 

« En matière cosmétique, on n’a pas le droit d’utiliser le terme "cruelty free" qui veut dire "non testé sur des animaux". Les tests sur des animaux en Europe sont interdits depuis 2013, donc en faire un argument, ça devient une forme de distinction abusive. Et on n’a pas le droit d’utiliser de filtre pour les produits cosmétiques et en tirer un argument produit, parce que c’est trompeur, énumère-t-il. On n’a pas le droit de dire que telle crème protège les océans, c’est une allégation environnementale excessive. On n’a pas le droit de représenter des enfants dans des collaborations commerciales si on ne passe pas par une agence de mannequins agréée. Si on ne le fait pas, c’est du travail dissimulé. »

Reste à donner les moyens au service de répression des fraudes pour distribuer les sanctions. Reste aussi, pour Gaëlle Prudencio, influenceuse certifiée, à prendre en compte un autre aspect du métier. « La question du corps et de l’apparence, de l’image, est très présente sur les réseaux sociaux. L’utilisation des filtres à outrance, ça a des conséquences sur les personnes qui nous suivent parce qu’un ado n’est pas encore très au clair avec son identité. Ces influenceurs-là qui vont poster des photos qui sont très retouchées, pour moi ce sont des "red flag". »

Depuis son appartement de Thiais, au sud de Paris, loin des piscines à débordements des émirats, elle rappelle qu'un nombre élevé d’abonnés n’est pas gage de légitimité.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes