JO 2024: Quentin Rakotomalala, pionnier de la natation synchronisée masculine en France
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À 19 ans, Quentin Rakotomalala, originaire de Marseille et médaillé de bronze de natation synchronisée masculine aux championnats d’Europe, a su faire bouger les mentalités sur ce sport pratiqué en majorité par des filles. Il rêve d’une participation aux prochains Jeux olympiques, pour la première fois en mixte, et utilise sa nouvelle notoriété pour pousser d’autres garçons à plonger dans le grand bain. Rencontre.

Une dizaine de filles, toutes âgées de 10 ans, s’entraînent dans le bassin de la piscine Yves Blanc, à Aix-en-Provence. L’énorme enceinte crache une musique entraînante. Au bord du bassin, un garçon : Quentin Rakotomalala. Le jeune homme distille ses conseils et note la chorégraphie de ses nageuses, avant leur compétition de natation synchronisée du week-end.
C’est en observant sa grande sœur qu’il se lance, à l’âge de 9 ans, dans une discipline largement dominée par les filles et abandonne la natation course. « Au début, les filles étaient un peu sceptiques, se souvient le jeune homme. Elles se disaient : "Mais qu’est-ce qu’il fait là, il s’est trompé de cours, il doit être sur la ligne d’à côté, car ce n’est pas la bonne ligne ! Ici, on fait de la synchro, pas de la natation !". Elles se posaient des questions. Au deuxième cours, ça allait tout de suite mieux. Et après, ça s’est fait normalement. »
Seul sur le podium
Entre deux compétitions, Quentin Rakotomalala, 19 ans, suit un BTS en communication. Mais c’est en natation synchronisée qu’il progresse le plus vite : huit fois champion de France en solo masculin. Mais bien souvent, il est le seul garçon à participer aux épreuves. Et donc, le seul garçon à grimper sur le podium lors de la remise des médailles. « On ne savoure pas de la même manière un podium quand on est à la fois premier et dernier », observe-t-il.
L’année dernière aux championnats d’Europe organisés à Rome, il remporte la médaille de bronze, défie les préjugés et gagne en crédibilité. « Dans le regard des gens, j’étais plus un sportif qu’un nageur synchro qui se mettait à la piscine pour le plaisir, raconte encore Quentin Rakotomalala. J’étais vraiment vu comme un athlète accompli, qui fait des résultats, qui est performant et moins comme l’athlète qui se met à la synchro parce qu’il aime ça, ou parce qu’il veut patauger dans l’eau. »
Un modèle pour d’autres garçons
Surtout, Quentin Rakotomalala devient un modèle pour d’autres garçons. « Il y a quelques petits garçons qui m’envoient des messages, qui me disent “ce que tu fais, c’est super, ça me motive pour la suite, ça me donne envie de continuer et d’aller aussi loin que toi”. Donc ça fait plaisir d’entendre ça, parce que je me dis que je fais partie de leur source de motivation, de ce qui leur donne envie de faire ça. Je montre aussi que c’est possible, qu’ils ont peut-être leur chance dans ce sport et que s’ils aiment ça, ils doivent s’en donner les moyens pour pouvoir performer et faire de bons résultats par la suite. »
Des résultats bientôt possibles aux Jeux olympiques. À Paris, en 2024, les hommes pourront participer aux épreuves mixtes : deux hommes maximum dans des équipes de huit, une première depuis l’introduction de la discipline aux Jeux olympiques en 1984. « Une très bonne nouvelle », assure Quentin Rakotomalala. Mais il y a un bémol : « C’est un peu tard pour toutes les nations de faire ça maintenant, parce qu’on est à un an des Jeux et les équipes se préparent deux-trois ans avant. Les chorégraphies sont montées sans penser à mettre un garçon ou deux dans des chorégraphies. »
Une participation aux Jeux olympiques de Paris paraît donc compliquée, mais il espère que son tour viendra à Los Angeles en 2028. En attendant, le jeune homme rêve d’intégrer le Cirque du Soleil à Las Vegas, comme Guillaume Beaufils, un de ses modèles en natation synchronisée masculine. Dans tous les cas, il restera l’un des pionniers de cette discipline en France. Elle est peut-être là, sa plus belle victoire.
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