Dans le XVIe arrondissement de Paris, des migrants face aux intimidations de l'extrême droite
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À Paris, depuis plus d'un mois, une école désaffectée du très chic XVIe arrondissement est occupée par de jeunes migrants qui viennent pour la plupart d'Afrique de l'Ouest. Depuis le début de l'occupation, cette école est devenue la cible de l'extrême droite, qui multiplie les manifestations devant ses portes.

Mamadi Traoré est en train d'attendre pour passer sous la tondeuse d'un ami venu comme lui de Guinée. « Il y a les Guinéens, les Camerounais, les Ivoiriens, les Maliens, les Sénégalais aussi... On est nombreux ici ! » Ils sont environ 400 à dormir chaque nuit dans les salles de cette petite école du XVIe arrondissement, contre 230 le 4 avril quand l'association Utopia les a sortis de la rue où ils dormaient depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois. Une dizaine, voire une vingtaine de nouveaux venus arrivent chaque jour. Et la liste des nationalités dressée par Mamadi Traoré n'est pas exhaustive.
Moussa Diallo, lui, vient de Gambie. Après la Libye et la traversée de la Méditerranée, c'est par l'Espagne qu'il est venu en janvier dernier. Mais comme il ne parlait pas espagnol, il a gagné la France. Un morceau de miroir entre les mains, il est en train de se raser. « Franchement, si j'avais su, je serais resté en Espagne. J'étais mieux accueilli. Ici, si on n'a pas de papiers, on ne mange pas bien et on ne dort pas bien, se plaint-il. On ne sait pas où aller, on demande l'aide de l'État. »
Mais il n'y a pas que des gens bien intentionnés à leur égard. Comme si leur situation n'était pas déjà assez difficile, les intimidations se succèdent depuis leur arrivée. Mardi soir, les membres d'un groupuscule d'extrême droite se sont rassemblés devant les portes de l'école aux cris de « rentrez chez vous » ou « clandestins expulsions ». « Ces manifestations, ç'a été difficile pour nous. On est là, on ne fait rien. On ne vient ici que pour manger et dormir », poursuit Moussa Diallo.
Ce qu'ils attendent tous, ou presque : c'est le résultat du recours qu'ils ont introduit devant le juge des enfants pour être reconnus comme mineurs isolés après avoir été considérés comme majeurs par l'aide sociale à l'enfance.
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