Reportage France

Attentat d’Arras: hommage national et temps d’échange dans les collèges et les lycées

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Un peu partout en France, il y a eu des temps d'échange entre élèves et professeurs. Comment expliquer l'inexplicable après la mort de l'enseignant tué lors d'une attaque au couteau le 13 octobre dernier, dans un lycée d'Arras ? Il s'agissait de rendre un double hommage à Dominique Bernard et à Samuel Paty assassiné 3 ans plus tôt. Les enseignants ont écouté les elèves et tenter de répondre à leurs questions et à leurs inquiétudes. Le témoignage d'un professeur et de plusieurs élèves du lycée Jean de La Fontaine à Paris.

En France les cours étaient annulés jusqu'à dix heures ce lundi 16 octobre 2023 et une minute de silence a eu lieu à 14H à la mémoire de Dominique Bernard et à Samuel Paty assassiné 3 ans plus tôt. (Image d'illustration)
En France les cours étaient annulés jusqu'à dix heures ce lundi 16 octobre 2023 et une minute de silence a eu lieu à 14H à la mémoire de Dominique Bernard et à Samuel Paty assassiné 3 ans plus tôt. (Image d'illustration) AP - Daniel Cole
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Il a sorti une cigarette du paquet avec les dents, c'est le temps de pause pour ce professeur de mathématiques, selon lui c'était essentiel d'échanger avec les élèves après l'assassinat d'un enseignant dans le lycée d'Arras : « On s’est tous dits que commencer d’une manière abrupte un cours, moi ce sont les maths, mais ça peut être d’autres matières, c’était peut-être aussi dire que l’on met cet acte sous silence, sous le tapis. Et je pense que la volonté commune des professeurs, ce n’était pas ça, c’était surtout de marquer un temps d’arrêt. Certains élèves ont pu encaisser ça seuls dans leur coin ou d’une manière pas forcément adéquate. D’échanger avec les professeurs sur ce sujet, peut peut-être aider certains élèves à "vider leur sac". »

Comme avec cet élève qui a pu s’exprimer sur ce qui s’était passé à Arras : « On a pu échanger sur ce sujet, c'était un professeur de français. Tout le monde pense que c’est une chose horrible et que cela ne devrait pas arriver. L’école c’est un endroit, un abri ou l’on peut se réfugier, c’est notre deuxième maison et c’est là où l’on construit notre future. »

« On s’attaque à la pensée et à la liberté »

Après ce moment passé avec son professeur, du haut de ses 13 ans, Mathis a compris que l'école doit être un sanctuaire. Visage grave, Pablo est en terminale, la discussion a eu lieu avec un professeur de philosophie et ça s'entend : « Depuis des siècles c’est l’éducation qui forge les idées, la lecture, l’apprentissage qui permet de développer un esprit critique. S’attaquer à l’école c’est vouloir restreindre l’esprit d’autrui et mettre les élèves dans une case et pouvoir ainsi les manipuler. Quand on s’attaque à l’école, on s’attaque à la pensée et à la liberté et c’est très grave. »

Capuche et blouson zippé jusqu'en haut, Oscar juge que c'est trop tôt pour parler : « J’ai beaucoup entendu d’amalgames sur l’islam juste à cause de l’émotion qu’a suscité cet assassinat. Le recul est important, peut-être plus que la discussion. Il faut intérioriser tout cela et y réfléchir avant de s’exprimer sur le sujet. »

Accueillir les élèves ce lundi matin, c'est aussi apaiser les angoisses. Tous les jours, sur les réseaux sociaux, l'actualité sanglante s'immisce et soulève interrogation et émotion chez les jeunes. Marie a vu le corps du professeur assassiné : « Il faut vraiment être prêt à regarder ces vidéos d’une telle violence, publiés sur les réseaux sociaux. Il faut en parler avec les professeurs après les avoir visionnées et c’est, je pense, le seul moyen de s’en remettre. »

Marie et ses camarades remercient leurs professeurs mais ils disent aussi s’inquiéter pour eux.

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