Les jeunes face à la violence des images sur les réseaux sociaux
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Conflit israélo-palestinien, guerre en Ukraine, assassinat du professeur de français à Arras, des images violentes inondent les réseaux sociaux... et sont également vues par un public jeune. Des vidéos d’enlèvements, de cadavres sous les décombres ou encore d’otages circulent particulièrement sur X, anciennement Twitter, qui ne modère presque plus sa plate-forme. Difficile d’y échapper lorsqu’on a un téléphone portable. RFI est allée à la rencontre des premiers concernés, les jeunes eux-mêmes, assez lucides sur cette exposition à la violence.

Des bombardements, des corps gisants, des mutilations ou encore la vidéo d’un professeur assassiné baignant dans sa mare de sang. Tous les jours, l’actualité sanglante s’immisce dans les réseaux sociaux... Le visage rougi par le vent glacé, Kévin a suivi le drame d'Arras sur son portable : « Tu peux regarder la vidéo en entier, quand le professeur se fait assassiner. C'est très fascinant de voir du sang, de voir quelqu'un qui crie. C'est sûr que ça fascine les jeunes. »
Les images insoutenables du conflit israélo-palestinien déferlent en continu. Ces deux lycéennes les ont vues. Quand l'une se rappelle avoir « récemment vu les bombardements des villes » et être tombée « sur des vidéos choquantes », l'autre lycéenne « trouve que ça n'est pas assez régularisé pour les mineurs, qui sont aussi sur les réseaux sociaux et qui peuvent facilement y avoir accès ». Elle conclut en insistant que « tout » est sur le réseau social X, « que ça soit de la pornographie ou de la violence ».
Le « contenu sensible » incitatif
Des mineurs trop exposés aux images de violences, donc. Et la mise en garde de certaines applications ne semble pas y changer grand-chose. Sacha reconnaît que « quand on voit la petite bannière "contenu sensible", ça pousse à cliquer. On aime regarder ça. » Son ami Gaston, quant à lui, n'en pense pas moins : « Surtout quand on est petit, quand on est jeune. On sait que les parents nous disent : "Ne regardez pas ça, ne regardez pas ça !" C'est cette interdiction qui nous pousse à vouloir voir ce qu'on ne devrait pas voir. »
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Pourtant, la violence véhiculée sur les réseaux sociaux peut engendrer des traumatismes chez les plus jeunes. Visage concentré, Lina à 18 ans. Elle livre son analyse : « Je pense qu'on ne parle pas assez des choses que l'on voit, des images violentes, etc. Donc, on le stocke dans notre imaginaire et dans notre mémoire, sans pouvoir mettre des mots dessus. Ça créé des dénis, car on ne sait pas trop quoi faire de ces informations-là. Ensuite, les gens ne se rendent pas compte de ce que ça leur fait. Pour les conflits de guerre, c'est important de nous montrer la réalité de la chose, mais il faut en parler derrière. Parce que seulement des images comme ça, on ne peut pas les comprendre. »
Un besoin de pédagogie auprès des jeunes
Les images peuvent être mal comprises, selon Kévin : « C'est sûr que de voir des images choquantes, de voir des bombes, de voir des corps, ça peut influencer notre manière de penser. » Des images trompeuses, des contenus de désinformation se répandent sur les réseaux sociaux, Amélie est parent d'élève : « Il faudrait des modérateurs, des régulateurs, des journalistes pour expliquer aux enfants ce qu'est l'information, la désinformation, l'intoxication. La santé mentale de l'enfant passe par les images. »
Et pour limiter le stress généré par ces images chez les jeunes, les psychologues recommandent d'en parler à son entourage.
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