France: à Vitry-sur Seine, la crainte de l'expulsion des réfugiés d'anciens bureaux changés en squat
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À Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, près de 450 migrants occupent depuis trois ans des bureaux abandonnés en zone industrielle. Il s'agit, en grande majorité, de réfugiés et de demandeurs d'asile. Depuis la fin de la trêve hivernale, ils sont sous la menace d'une expulsion.

Le squat est situé en pleine zone industrielle, loin des habitations et des transports. Ici, la vie s'organise.
« Il y a des chaises à l'étage, il y a des coiffeurs. Les coiffeurs mettent les numéros, leur numéro de téléphone sur le mur et les gens prennent rendez-vous. Et c'est devenu un peu comme un petit village », indique Jhila Prentis de l'association United migrants.
« Il y a des petits restaurants qui s'ouvrent. C'est une vraie vie qui s'est organisée dans ce bâtiment sur trois ans. On peut s'imaginer que le lieu commence à vraiment exister et être un lieu de solidarité aussi entre les personnes qui sont malheureusement dans cette situation, qui sont en situation irrégulière. Ils travaillent, les enfants vont à l'école, ils ne devraient pas être obligés de vivre dans des conditions pareilles », poursuit-elle.
C'est le cas pour Nahélia, une jeune mère isolée. Elle occupe, avec sa fille, un bureau qui a été aménagé en chambre au troisième étage. « Je fais la douche ici, avec juste une bassine. Je fais la douche à la maison, il n’y a pas de cuisine », décrit-elle.
« On n'a pas d'information »
Une bassine pour se laver, et pour cuisiner, la jeune femme a installé un simple réchaud sur la table. Ici, chacun se débrouille et doit respecter certaines règles.
« On a organisé s'il y a un problème de courant, un problème d’eau, pour nettoyer des bâtiments... tout », détaille Bakary, l'un des délégués du squat. « C'est nous-mêmes qui ont organisé ça. On a pris des personnes qui font le nettoyage tous les jours. Pour l’électricité aussi, c'est nous-mêmes qui réparons, mais aussi les douches, les toilettes etc. »
Assis sur le sol dans le couloir, un petit groupe d'enfants joue, sous le regard des adultes qui vaquent à leurs occupations. Nahélia a commencé à faire ses valises. « La situation, pour moi, c'est très dur, parce que la préfecture n'a pas donné de logement. On n’a pas d’information, quel jour on doit quitter, où on doit aller, on est à la rue... C’est très fatigant », souffle-t-elle.
Tout recommencer à zéro
Partir, c'est perdre son travail. C'est aussi scolariser les enfants dans une autre ville et recommencer toutes les démarches administratives à zéro, comme l'explique Jhila Prentis qui tient une permanence pour l'association United migrants :
« Il y a un risque que le squat soit expulsé avec des policiers, des bus qui emmènent des gens en région. La préfecture a aussi fermé beaucoup de places d'hébergement d'urgence en Île-de-France. Donc les gens sont orientés autre part. Ça, c'est un changement qui est venu pour préparer l'arrivée des Jeux olympiques. On a fermé des places dans l'Île-de-France pour envoyer les gens autre part. Les gens ne savent pas où ils vont être envoyés, ils ne peuvent pas s'organiser, ils ne connaissent même pas la date de l’expulsion. »
La plupart sont prêts à quitter ce lieu, mais ils restent inquiets à l'idée de se retrouver une nouvelle fois à la rue.
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