Sur le bassin d'Arcachon, les ventes d'huîtres toujours à la traîne
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Le 29 janvier, au plus fort des fêtes de fin d’année, le préfet de la Gironde ordonnait l’interdiction pour trois semaines de la vente des huîtres du bassin d’Arcachon. En cause : leur contamination par un virus d’origine humaine qui s’est déversé dans l’eau après de fortes pluies. Cinq mois plus tard, la justice a contraint les gestionnaires du réseau d’eau à réaliser des travaux. Mais les professionnels peinent à regagner la confiance des consommateurs. Et les ventes ne décollent toujours pas.

Des commandes d'huîtres de plus en plus rares, Lucas Simon, ostréiculteur, confie ses difficultés derrière son stand d'un marché de Bordeaux : « Je ne vais pas dire qu'on ne vend pas d'huîtres, mais on n'en vend pas autant qu'on devrait en vendre actuellement. Sur les chiffres, on est, à peu près, à 50% de vente en moins par rapport à l'an dernier. »
Le norovirus, responsable de cette forte baisse
La raison de cette baisse des ventes porte un nom : le norovirus, un virus qui cause la gastro-entérite. Après de fortes pluies cet hiver, ce virus présent dans les eaux usées s'est déversé dans le bassin d'Arcachon. Début janvier, les huîtres ont été interdites à la vente pendant plus de trois semaines.
Le président de l'Association de défense des eaux du bassin d'Arcachon, Thierry Laffont, est ostréiculteur. Il accuse le syndicat en charge de la gestion des eaux, le Siba, de la situation :
« Cela a créé un désamour du consommateur et la consommation a vraiment du mal à repartir. » Thierry Laffont explique avoir déposé plainte contre le Siba : « Je l'ai déposée au nom de l'Association de défense des eaux et en mon nom propre, en tant qu'ostréiculteur, parce que je considère qu'ils sont à l'origine d'un préjudice majeur, et de pollution des eaux, et pour mon activité, avec des conséquences économiques importantes. »
L'ostréiculteur insiste : « C'est [le Siba] qui est responsable. Donc, c'était tout à fait normal de déposer plainte. Dire que le milieu dans lequel on travaille est pollué, ce n'est pas ce qu'il y a de plus appétant pour ce qu'on va mettre dans l'assiette... Il faut être conscient qu'il y a un moment où on ne peut plus se contenter d'une position de réserve et de ne pas oser dire les choses. »
Face au dérèglement climatique, lancer des travaux d'urgence
Le 2 avril, le tribunal judiciaire de Bordeaux a donné raison à l'ostréiculteur. Le syndicat et sa filiale, gérés par le groupe Veolia, doivent réaliser des travaux d'urgence pour que les eaux usées ne débordent plus dans le bassin d'Arcachon. Christelle de Traversay, directrice des opérations pour Veolia Eau dans le sud-ouest :
« [Cette décision] implique pour une entreprise comme la nôtre, mais aussi pour la collectivité, d'engager des travaux et de se projeter, en se disant : cette situation exceptionnelle, elle pourrait recommencer. Et voilà la manière dont on va la traiter. »
Christelle de Traversay évoque le dérèglement climatique : « Avec le dérèglement climatique, ça va se reproduire. On travaille maintenant à vraiment identifier le plus en amont possible ces situations exceptionnelles, de manière à pouvoir conseiller les collectivités et à proposer des solutions aux collectivités. »
En attendant, sur le Bassin, les professionnels espèrent que le retour des beaux jours fera revenir les clients. Une grande campagne de communication a été lancée sur les routes. Dans les petites cabanes à huîtres, ce même message est placardé sur des affiches : « Retrouvons-nous. »
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