Le départ des jeunes athlètes guadeloupéens vers l'Hexagone
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Aux JO de Paris, les deux champions médaillés qui ont allumé la vasque olympique sont nés en Guadeloupe, et ils y ont fait leurs armes. Teddy Riner et Marie-José Pérec ont dû quitter leur île et rejoindre l'Hexagone, parfois à peine adolescents, pour accéder au plus haut niveau sportif. À Pointe-à-Pitre, le CREPS (Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive), c'est le lieu de formation des champions. Depuis plusieurs années, les lieux ont été rénovés, notamment pour recevoir le label Centre de préparation aux Jeux, en vue des JO de Paris. Des infrastructures flambant neuves qui permettent aussi à l'institution de garder ses champions un peu plus longtemps et de retarder leur départ, parfois difficile, à plusieurs milliers de kilomètres de là.

Dans la cour du CREPS, la liste des grands champions nés en Guadeloupe est longue et tous ont leur photo accrochée sur une clôture verte. « Ça sert d'exemple aux jeunes qui, en passant, les voient tous les jours, en espérant que ça les inspirera le plus possible », explique Valéry Bourgeois, conseiller haut niveau et haute performance au CREPS de Pointe-à-Pitre.
La structure est moderne, fraîchement rénovée, on trouve une piste d'athlétisme connectée, par exemple, ou un terrain de rugby tout neuf. Ces aménagements sont le résultat de plusieurs millions d'euros investis ces dernières années, entre financement de la région et subventions européennes. « Nous, on essaie justement de mettre tout en œuvre pour que [les jeunes] puissent rester le plus longtemps possible. Après, forcément, on ne peut pas faire l'impasse sur le fait qu'ils doivent partir... », constate Valéry Bourgeois.
S'envoler à plus de 6 000 km pour pouvoir un jour, peut-être, participer aux JO
À un haut niveau, le départ est obligatoire. Impossible d'aller au-delà du niveau régional en restant sur l'île, les futurs champions doivent donc s'envoler à plus de 6 000 km, ce qui entraîne de nombreuses difficultés, détaille le conseiller haut niveau et haute performance : « Avec notamment le changement de température, les habitudes culinaires, l'environnement familial qui n'est plus présent, enfin qui est présent, mais par téléphone ». Le CREPS prend en compte ces obstacles :« D'ailleurs, je travaille personnellement sur une cellule d'accompagnement des sportifs ultramarins qui sont censés partir sur la métropole, pour leur proposer des suivis, rencontrer les parents pour savoir s'ils ont des difficultés, notamment financières, pour payer. » Payer le billet d'avion par exemple, très cher pour rejoindre l'Hexagone.
« Partir très tôt, c'est difficile. On sait très bien que l'adaptation n'est pas la même, confie Chantal Cusset-Gaydu, directrice du CREPS, c'est très compliqué. Nous arrivons maintenant à les garder au-delà de ce qui était avant, très souvent, un départ en troisième ou seconde, à peu près. Donc maintenant, nous les gardons au moins jusqu'à la terminale. »
À écouter dans Un soir aux JeuxAu stade de l’émotion: quelle préparation mentale pour les sportifs?
Dans les locaux, deux jeunes meneuses de 13 ans ne resteront pas jusqu'à la terminale, elles. Repérées par de grands clubs de basket qui évoluent au niveau national, Rennes pour l'une, Cherbourg pour l'autre, elles vont rejoindre l'Hexagone dès la rentrée prochaine. Pour les futures championnes, la réussite des athlètes guadeloupéens, c'est aussi et surtout une question de mental, « C'est assez compliqué, mais en fait, le plus important, c'est d'avoir le mental et après, le reste, il suit, explique l'une d'entre elles, on n'a peut-être pas forcément autant de moyens, mais on se donne les moyens et on a peut-être plus envie. On se dit qu'on doit faire plus que les autres. » Pour l'autre, la difficulté, c'est d' « être prêt à quitter sa famille. » Pour avoir la chance, peut-être, de participer aux Jeux olympiques un jour.
À écouter dans Priorité santéDe quoi les champions sont-ils faits ?
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