Reportage France

L'inquiétude des locataires en difficulté face aux menaces d'expulsion

Publié le :

La fin de la trêve hivernale approche : elle est prévue le 31 mars. Avec elle, les propriétaires auront le droit d'expulser les locataires de leur logement. Une situation redoutée par de nombreux locataires, qui parfois ne parviennent pas à payer à temps leurs loyers. C'est le cas de Steeve, 39 ans. Il est en situation de handicap et vit dans un hébergement temporaire depuis 2020. Les factures, les dettes et le poids d'une expulsion pèsent sur ses épaules.

Un immeuble à Créteil, dans le Val-de-Marne, près de Paris. (image d'illustration)
Un immeuble à Créteil, dans le Val-de-Marne, près de Paris. (image d'illustration) Getty Images - Le Cercle Rouge
Publicité

Steeve se déplace difficilement, une canne dans la main : « J'ai une maladie des os, sur les deux hanches. Ça s'effrite et ça fait des trous. Et à tout moment, ça peut se casser. »

Le trentenaire ne travaille plus. Il sort peu de son 30m² qu'il partage avec son compagnon. Sur les murs peints en bleu, il a collé des posters de L'Académie des Héros et de One Piece, ses mangas préférés. Toute la journée, la télévision lui tient compagnie. Elle est là pour les séries, les jeux vidéo ou comme fond musical :

« À l'heure actuelle, la seule passion qu'il nous reste – vu que les voyages, ce n'est pas possible, les sorties, assez compliqué –, c'est la console de jeu. C'est le seul loisir que j'ai. Ou sinon, avec mon compagnon, on se fait des petites promenades dans le quartier pour aérer la tête. Même pour partir trois jours, on n'y arrive pas. J'ai des frais médicaux à payer, des factures à payer, plus le loyer à payer. Avec 1 100-1 200 euros, on n'arrive pas trop. »

Moon, un chaton au pelage gris, se frotte à ses pieds. Alors qu'il s'apprête à bondir sur un jouet télécommandé, quelque chose se faufile entre ses pattes : « Vous voyez hein, un cafard qui passe, il est venu nous saluer (rires) ! Depuis l'année dernière, je me bats avec les cafards. On a du mal à dormir parce que quand on dort, on sent des trucs. On se réveille, on voit que c'est un cafard. Quand on a des trucs à manger, on ferme tout. Le cafard va quand même grignoter les sachets fermés à l'intérieur. Du coup, on est obligé de jeter, ce n'est pas évident. » 

À lire ou à écouter aussiFin de la trêve hivernale en France: «De plus en plus de personnes sont mises à la rue par la police sans solution»

L'angoisse de se retrouver à la rue

L'appartement est insalubre, dangereux même. L'an dernier, une prise s'est enflammée. Paradoxalement, la plus grande crainte de Steeve, c'est de quitter ce logement. La fin de la trêve hivernale approche : « Je ne dois pas stresser, je ne dois pas angoisser, je dois essayer de rester zen, mais je ne peux pas. Le mois de mars approche, et à la fin du mois de mars, le courrier va arriver : il faut que je remette les lieux et je ne sais pas où aller. Mon compagnon n'a pas d'endroit aussi, alors on se retrouve tous les deux à la rue. »

Ça va faire dix ans que Steeve attend un logement social, mais son dossier est bloqué par ses impayés de loyer : « J'ai toute la bonne volonté, toute la bonne foi, je donne tout ce que j'ai comme argent pour le loyer. J'ai fait une demande de FSL (Fonds de solidarité pour le logement, NDLR) pour pouvoir payer mes arriérés de loyers. C'est une aide de l'État, mais elle a été refusée, car le montant de ma dette s'élève aujourd'hui à 6 600 euros. »

Courir après les aides, demander de l'argent à ses proches, sauter des repas plusieurs fois par jour... Steeve ne supporte plus cette situation. Il désespère et résume sa condition en une phrase : « Ce n'est pas une vie, c'est de la survie. »

 

À lire aussiFrance: la trêve hivernale prend fin en pleine crise du logement

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes