Le Centre Primo Levi soutien essentiel aux exilés et aux victimes de violences menacé par des coupes budgétaires
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Alors que le Centre Primo Levi a accompagné au cours de ces trente dernières années des milliers de personnes exilées victimes de torture, l’association fait aujourd’hui face à la coupe de ses subventions publiques. Pourtant, en proposant un accueil inconditionnel, le Centre Primo Levi accomplit une réelle mission de service public en prenant en charge toute personne qui se présente au centre. Il accompagne des profils aux troubles psychiques souvent sévères, parfois des enfants. L’association n’est pas la seule à subir ces coupes budgétaires. En octobre dernier, une enquête publiée par le Mouvement associatif, qui fédère 700 000 structures en France, montre que le secteur, qui fait vivre 1,9 million de salariés et mobilise 20 millions de bénévoles, est à bout de souffle.

C'est une petite pièce où se font face trois fauteuils, sur une étagère, des jouets et un lapin en peluche... Nous rencontrons Armando Cote dans ce lieu de consultation. Pour le psychologue, la force de l’association, c'est son approche pluridisciplinaire, le Centre Primo Levi est avant tout une structure de soin qui prend en charge la santé mentale des exilés. « Le travail avec la parole, ce n’est pas possible. Il faut aussi des collègues médecins qui puissent les voir pour vérifier toute la question médicale. Et après, il y a toute la question sociale et juridique. Donc, on est plus que trois, on est cinq, six personnes, et toutes ces personnes, il faut un budget, mais on sait que c'est un service social qui est aujourd'hui, malheureusement, avec toute l'idéologie de l'ambiance en France, etc. Fait que l'on doit se séparer des collaborateurs qui nous soutiennent dans le travail quotidien avec ces personnes. »
Les baisses de subventions publiques vont en effet contraindre la structure à se séparer d’un tiers de ses employés. Médecins, psychologues, assistants sociaux, ils sont 25 en tout, sans compter le travail précieux des interprètes, car ces survivants des tortures et violences politiques viennent des quatre coins du monde. « On parle de plus de 25 langues différentes avec des interprètes professionnels en présentiel. Donc ça veut dire qu'on a en fonction publique, c'est-à-dire que la France accueille beaucoup de personnes d'origine étrangère qui ne vont pas pouvoir apprendre la langue en quelques mois. Ces personnes qui sont accueillies ailleurs, dans d'autres services d'urgence, etc., les soins ne sont pas possibles parce qu'il n'y a pas accès à la langue. »
Une population privée de soins indispensables pour leur reconstruction
Tous les ans, plus de 400 personnes sont suivies dans le Centre Primo Levi, avec les restrictions budgétaires ce ne sera plus possible. Déborah Caetano est responsable du service accueil : « C'est dramatique, autant pour les personnes qui travaillent ici, mais que pour les patients, parce que c'est un lieu d'exception où on accueille en fait la souffrance des patients et qu'il n'y ait plus possibilité de pouvoir suivre une certaine catégorie de patients. C'est dramatique. »
Tatiana Theys, directrice générale de la structure, insiste sur le travail de formation, de sensibilisation et de plaidoyer qui est faite en région, « Il y a plein de populations qui passent sous les radars. Il y a des départements, des régions entières qui n'ont aucune structure de soins de droit commun, qui sont en mesure de prendre en charge ces publics. D'où l'importance de préserver des structures comme le Centre Primo Levi, où il y a une expertise en santé mentale, en médecine générale, en droit sur ces sujets. »
Ces professionnels qui travaillent main dans la main depuis tant d'année vont se battre pour continuer à exister. Ils savent plus que quiconque que soigner coûte moins cher qu’exclure et surtout, soigner sauve des vies.
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