Reportage international

En Bolivie, le Covid-19 bouleverse l'économie informelle

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La Bolivie fait partie des pays les plus touchés par l’épidémie de Covid-19 en nombre morts par habitants. Face à un système hospitalier bien trop fragile pour faire face à la pandémie, le gouvernement a dû imposer un confinement de cinq mois dont deux très stricts. 60% de l’économie bolivienne dépend de l’économie informelle. Le choc a donc été très brutal pour ces travailleurs à leur compte, qui exercent souvent au noir.

Dans les rues de La Paz, les travailleurs de l’économie informelle peinent à survivre face à la crise du Covid.
Dans les rues de La Paz, les travailleurs de l’économie informelle peinent à survivre face à la crise du Covid. © RFI / Oriane Verdier
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Sur un trottoir de la Paz des caisses à outils en cuir sont alignées. Chacune porte en lettres de couleur les mots « Peintre et Maçon ». Assis à côté de l’une d’elle, Alberto attend. « Ici le Covid a compliqué notre travail. Nous n’avons pas pu sortir et maintenant les gens ne veulent pas nous faire travailler, car ils ont peur que nous soyons malade. On attend là tous les jours, parfois on travaille un jour ou deux jours par semaine. On est là pour gagner le pain quotidien, pour le rapporter à la maison », explique-t-il.

Sur le trottoir d’en face, près d’un marché couvert, Paula vend justement du pain. « Ma grand-mère vendait déjà du pain ici.  Ma soeur et moi avons à 12,13 ans. Dans le marché, il y a eu des contaminations et même 14 morts. On essaie de retrouver les clients petit à petit, mais comme on mange du pain tous les jours, les gens continuent à consommer », se réjouit-elle. 

Un peu plus loin, Virginia est moins souriante. La quinquagénaire est assise à côté d’un petit stand de produits cosmétiques, une couverture sur les genoux pour résister au froid. « En ce moment, il y a beaucoup de concurrence car beaucoup de gens ont été renvoyés. Maintenant, ils vendent ce qu’ils peuvent dans la rue. Ils baissent les prix car en se déplaçant on vend plus. Et puis la vente a beaucoup baissé, les gens gardent leur argent pour manger. Avant, je gagnais 300 bolivianos par jour, maintenant il m’arrive de ne pas gagner plus de 100 bolivianos. Le gouvernement ne m’aide pas du tout. Les autorités disent qu’elles vont nous aider en baissant les factures d’électricité et d’eau. Ils les ont baissées un moment mais maintenant ils nous font payer cette baisse. Avant je payais l’électricité 150 bolivianos et maintenant je paye 200 alors que je consomme la même chose. » , déplore-t-elle. 

Alors que l’économie formelle du pays souffrait déjà de la lourdeur et des pressions exercées par l’administration bolivienne, le Covid-19 est venue lui donner un coup de grâce selon l’économiste Gary Rodrigez. « Les travailleurs du secteur informel ont été impactés, mais les plus touchés sont ceux qui étaient dans le secteur formel et qui ont été obligés d’en sortir et de devenir informels. S’il y a une nouvelle vague je ne pense pas que les gens supporteront un nouveau confinement. Les gens vont manifester et cela va créer un problème supplémentaire de santé. Le gouvernement devrait penser à cela et se donner les moyens de contrôler cette épidémie tout en donnant la possibilité aux entreprises de croître et ainsi d’embaucher. »

L’ancien ministre de l’économie d’Evo Morales, Luis Arce, a été investi président de la Bolivie au début du mois. Il aura donc de nombreux défis à relever. 

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