Au Venezuela, l’opposition en ordre dispersé pour les législatives
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Ce dimanche, les Vénézuéliens sont appelés à voter pour renouveler l’Assemblée nationale. Il y a cinq ans, c’est l’opposition qui avait largement remporté le scrutin. Le début d’une crise politique profonde avec l’exécutif, qui a, peu à peu, grignoté les attributions de cette Assemblée qui s’est retrouvée totalement paralysée. Aujourd'hui, vingt-sept partis de l’opposition se sont mis d’accord pour ne pas participer au scrutin qu’ils qualifient de fraude. Mais dix autres partis jouent le jeu de ces élections et rencontrent un certain soutien dans les quartiers populaires.

Marlene Lujano, 61 ans, habite un petit appartement au cœur de Petare, un quartier pauvre de Caracas. Officiellement, elle est retraitée. En réalité, elle travaille comme institutrice et elle vend chaque jour, dans son quartier, des gâteaux qu’elle cuisine chez elle pour, explique-t-elle, ne pas finir à la rue : « Ils me donnent une pension. Mais aujourd’hui j’ai reçu 200 000 bolivars. »
L’équivalent de 20 cents en dollars. Marlene reçoit aussi un colis mensuel de produits alimentaires à bas prix par son comité de quartier. Mais il y a de moins en moins de choses à l’intérieur. Marlène n’a plus d’eau non plus dans son appartement depuis quatre jours. Son quotidien, c’est aussi celui de ses voisins et de millions de personnes au Venezuela. Alors, l’opposition appelle au boycott des législatives de ce dimanche. Mais Marlene ne suivra pas son parti de cœur cette fois ci : « Ça fait cinq ans que c’est chaque jour de pire en pire. J’ai beau voter pour l’opposition, si n’importe quel parti arrive avec une proposition qui peut améliorer notre vie quotidienne, je le soutiendrai. »
Cette lassitude quant à la stratégie d’une grande partie de l’opposition, elle se retrouve ailleurs, à Catia par exemple, l’autre grand quartier pauvre de la zone métropolitaine, touché de plein fouet par la crise économique que connait le Venezuela. Fredwis Romero se présente lui aussi comme par un partisan de l’opposition, mais il aimerait donner sa chance à de nouveaux visages, de nouvelles idées, pour voir, dit-il, ce que ces candidats ont à proposer pour ce pays, miné par l’hyperinflation depuis trois ans.
Pour trouver davantage de soutiens de l’opposition majoritaire, menée par Juan Guaidó, il faut aller davantage au cœur de Caracas, où vit la classe moyenne. Robinson Penaloza est livreur de produits laitiers depuis vingt-cinq ans. Mais il n’a jamais eu autant de mal à maintenir son activité à flot à cause de l’inflation, la fermeture des cafés en raison de la pandémie et d’énormes problèmes pour faire le plein de son camion frigorifique.
Avant, l’essence était quasi gratuite, maintenant il doit dépenser 50 dollars par plein ou patienter plusieurs heures, voire plusieurs jours, pour bénéficier des quelques litres subventionnés par l’État. Chacun s’arrange comme il peut, la situation est très difficile, consent Robinson, mais pas question pour autant de voter dimanche : « Non, je ne vais pas aller voter. C’est un piège. Les candidats du gouvernement vont se garder la plus grosse partie des sièges à l’Assemblée. »
Le taux de participation de ce dimanche donnera une idée du soutien des Vénézuéliens à la stratégie de boycott du scrutin. Une indication aussi sur l’avenir politique de Juan Guaidó, qui ne sera plus, dans un mois, le président de l’Assemblée. Une fonction dont il tirait pourtant sa légitimité pour se proclamer président par intérim il y a deux ans.
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