Inde: situation alarmante pour les orphelins du Covid-19
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Avec déjà 300 000 morts officiels et sans doute beaucoup plus dans les faits, l’Inde s'inquiète désormais de la vague d'orphelins que la pandémie est en train de laisser. Plusieurs ONG alertent sur les trafics et les conditions de vie auxquels sont déjà exposés les enfants ayant perdu un ou deux parents.

De notre correspondant à Bangalore,
Des messages WhatsApp pour adopter des enfants, un bébé retrouvé à côté de sa mère morte depuis 48 heures… Tels sont les faits divers qui secouent l’Inde avec la deuxième vague de Coronavirus. Difficile de connaître le nombre d’enfants orphelins faute de décompte officiel.
Mais Anant Kumar Ashtana, avocat en droit de l’enfance, constate la hausse au jour le jour. « Je reçois de plus en plus d’appels de personnes qui veulent adopter. Et je vois aussi beaucoup de personnes partager sur les réseaux sociaux l’identité d’enfants dont les parents sont morts. On voit donc bien que ces derniers mois, il y a une hausse soudaine du nombre d’orphelins, liée au Covid-19 », dit Anant Kumar Ashtana.
Renforcer la prise en charge des enfants orphelins
Vendredi 21, le ministère de l’Intérieur a exhorté les États indiens à renforcer les dispositifs de prise en charge des enfants orphelins pendant la deuxième vague de la pandémie. En attendant s’ils partent parfois d’une bonne intention, ces messages sur les réseaux sociaux sont contraires à la loi et peuvent favoriser le trafic d’enfants, explique l’avocat.
« Au pic de la deuxième vague correspond aussi un pic des adoptions illégales en Inde. Or lorsqu’on ne respecte pas le processus légal, personne ne sait qui va vraiment prendre en charge l’enfant. Alors certains peuvent les récupérer pour du travail forcé comme des esclaves domestiques. Parfois, cela peut aller jusqu’à des violences et des exploitations sexuelles envers les enfants », prévient Anant Kumar Ashtana.
Des familles brisées
Le Covid-19 prive aussi et d’abord les enfants de l’un de leur parent et cela suffit pour faire exploser la cellule familiale, explique Sonal Kapoor, présidente de l’ONG Protashan qui se bat pour le droit des enfants.
« Sur 650 cas que nous suivons, seulement six sont des orphelins du Covid-19. Les autres sont des enfants qui ont perdu un parent, ou qui ont été jetés dans les trafics parce que la famille n’a plus d’argent », dit Sonal Kapoor, qui poursuit : « Pour pouvoir manger, certains prostituent leurs enfants. Nous avons conduit des entretiens avec plus de 400 filles très jeunes et très pauvres qui ont perdu leur mère. 13 % affirment que leurs pères ou leurs frères ont commencé à les violer. »
L’Inde a enregistré cette semaine plus de 4 000 morts par jour, un chiffre sans doute largement sous-estimé. Si le Covid-19 tue rarement les enfants, son impact sur la jeunesse indienne ne s’annonce pas moins catastrophique.
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